Ominoe Gondana Gardienne du Conseil.
Nombre de messages : 1051 Age : 37 Style Littéraire : En tout genre (ou presque) Animal représentatif : Euh...un pekari ? Passion : Ben heu...RP, ordi, lecture, musique, beuverie, cours de Gérard...et tout le reste Date d'inscription : 13/02/2007
| Sujet: Marée [Tragique] Mer 11 Juil - 0:07 | |
| J'y suis arrivé, malgré tout. Ils n'auront qu'à suivre la traînée de sang jusqu'à la plage, mais ils ne trouveront rien. J'ai de l'eau jusqu'au mollet, et le soir tombe. Pleine lune. Ici, la marée monte vite. Je regarde les étoiles de la baie. Celles du ciel, et celles de la mer, reflets imparfaits de leurs ainées. Parfois, un éclat pluss vif. C'est la vague et son écume qui se lève, sous les rayons de Sélène, l'appaisante des hommes comme de toute chose. Mes genoux sont à présent sous l'eau.
Le disque est complet, aussi rond que le gong d'or reçu en prise de guerre il y a plusieurs années. J'y ai fait graver le visage de ma femme, puis ceux de mes deux fils quand ils sont arrivés. Il doit encore être accroché sur son mur habituel, à peine sorti de l'ombre par l'éclat des braises rougeoyantes qui redonneront du feu demain. Mais quel feu ? Je ne le verrai plus... Mes jambes chancellent, je tombe en avant, à genoux dans la mer, j'en ai jusqu'au torse. Elle est fraiche, mais je ne sens pas le sel enflammer mes plaies. Je dois déjà être au-dela de la douleur.
La nuit est belle, comme la nuit dernière. Les prètres, dans leurs incantations, y avaient vu un bon signe. Et quel signe ! A la supercherie du destin et de la marche du monde, ils avaient ajouté l'ignominie, le bouffi d'orgeuil de leur truchement des cieux. Et je suis parti avec les autres, après un dernier regard à ma femme, mes fils, ma fille que je ne verrai pas grandir. Un regard trop court. Comme toujours, je pense... Pourquoi pleurer ? Mon visage sera bien assez tôt avalé par l'eau salée. Alors, je ne pleure pas, et regarde l'horizon. Difficile de sentir si ma mort pèse, ou soulage. Elle est là, tout simplement. On se sent calme, toujours, devant la vraie fatalité. J'ai de l'eau jusqu'au coup.
Il n'y avait pourtant rien de bien divin, au moment où ils nous sont tombés dessus. Quoi qu'en disent nos grands monsieurs en toge. Ils ont chargés quand nous sonnes arrivés dans la plaine, en soirée. Ils sont venus de front, sans précautions. Ils n'en avaient pas besoin.
Une vague me frappe le menton. Sans comparaison avec la force de la clameur qui s'était élevée alors. Nos chefs de clan n'avaient pas prévu de stratégie, si ce n'est le verre d'hydromel Nous devions être les plus forts. Et pourtant, tout le monde avait compris quand ils se sont jetés en avant.
Je sens l'eau sur les lèvres, cette humidité corrosive. Le sel titille mes papilles. Mon corps sent le danger, se débat. Tente du moins. Ils étaient plus nombreux, plus forts. Des haches, des cimeterres, en cuivre juste sorti de la forge. Des boucliers à la vicking. Pensions-nous mal, ou leurs ports de commerce ont-ils fait venir ce que nous n'avions pas ? Le mien, de bouclier, s'est fendu en trois coups. Heureusement, j'ai pu en ramasser un sur le cadavre d'un des leurs. Leurs armures étaient solides.
L'eau a presque atteind mes narines, j'en ai la bouche pleine. Elle commence à s'infiltrer dans mes poumons. J'écoute attentivement, mais tout est calme. J'aurais aimé les voir arriver trop tard, lançés à ma poursuite. Mais ils ne s'en sont même pas donnés la peine. Salauds !
Je vais bientôt devoir inspirer, et mon corps le sait. Il se débat, il lutte, comme je luttais dans la mélée, tuant un ennemi pour en voir venir deux autres, tandis que mes frères d'armes tombaient les uns après les autres. Mais il lutte en vain, je n'ai plus la force pour rien, même pas tousser ou cracher.
Ca y est, je sens l'eau en moi. L'air se fait rare. J'essaye de rester calme, c'est si facile quand on ne peut même plus remuer le petit doigt. Je sens, ou plutôt j'imagine le spasmes qui me traversent. La nuit est toujours belle, mais déjà chacellante. Ma vision s'éteind en d'étranges limbes colorées. Je sens le vide, noir ; au-delà, il ny a rien, j'en suis maintenant convaincu. Je me laisse aspirer. | |
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