Sans-titre [biographie fictive]

Je suis probablement l’enfant le plus heureux de la Terre entière ! Comme je connais bien mon alphabet, et que je sais maintenant bien attacher les lettres, maman t’a acheté pour moi. Et tu sais quoi ? Il n’y a que moi qui peut te lire (parce que j’ai la clé caché dans mon ours en peluche : il s’appelle « parrain »).

Mon ours s’appelle ainsi, parce qu’il y a trois ans, j’ai perdu parrain. Il est mort d’un cancer…Je pensais que ce n’était qu’un signe astrologique avant tout cela, mais on m’a expliqué…Seulement, je l’aime bien moi mon parrain ! Et un jour, ma copine Sophie m’a dit qu’en mémoire de la famille qu’on a eu avant, on appelait les enfants par les mêmes prénoms que ceux de nos parents… J’ai demandé à maman comment faire, mais elle s’est contenté de sourire et m’a dit que je le saurais quand je serais plus grand. Du coup, j’ai décidé d’appeler mon ours ainsi, parce qu’il me tient compagnie quand j’ai peur. Il a un nœud papillon avec plein de couleurs et il est tout doux, c’est un très beau nounours.

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Je suis désolé de t’avoir oublié mon cher journal ! Tu sais, je n’ai jamais osé demander à maman pourquoi tout le monde l’appelait « la veuve » : il parait que c’est à cause de papa…En tout cas, je l’aime ma maman ! C’est la meilleure maman du monde !

Elle a des cheveux bruns « crollés » comme je dis toujours. Je sais que papa aime bien les cheveux de maman, parce qu’il a toujours regretté qu’elle parte chez le coiffeur. Quand j’avais demandé pourquoi, papa avait souri et répondu : « économies ». J’étais sûr que c’était encore une de ces choses d’amoureux, alors je n’ai pas cherché à comprendre. Maman n’a plus souri depuis longtemps, elle…et parfois elle me punit et je n’ose pas lui dire que je n’ai rien fait. Mais elle est gentille, tu sais. Elle n’y est pour rien si papa…si papa n’est plus là. Je l’entends m’appeler à la prochaine !

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Maman n’arrête pas de me frapper et ne fait plus de bon à manger…Papa me manque, rien n’est plus comme avant…Tu sais, une madame, à l’école, est venue me voir. Elle a parlé de maman, de « droit de l’enfant » et de « foyer »…Elle a aussi parlé de « pissicartie » pour maman, ou quelque chose dans ce genre là…

En fait, j’avais tellement peur de faire une bêtise que je n’ai pas bien écouté, j’espère que ce n’est pas grave…En tout cas la madame me faisait penser à Gabriel, tu sais, dans Jésus ? On avait regardé la cassette avec madame Catherine. Elle a des cheveux blonds, de belles dents blanches et déborde de gentillesse. Maman décoiffée et plus très gentille, ainsi que moi avec mes deux dents de moins, on a vraiment l’air très laids. Haha, je ris mais maman ne serait sûrement pas contente si elle me lisait. La madame m’a dit de ne rien dire à maman, que l’on se reverrait pour parler, par exemple, de mes dents manquantes…

Promis, je te raconte cela quand je le peux !


Ps : Cher journal, est-ce que tu veux bien être mon ami ? les autres se moquent de moi à l’école…

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J’ai raconté à madame l’Ange (je ne sais plus son vrai nom) que mes dents étaient un accident : maman avait juste oublié de retirer son pieds lorsque je descendais les escaliers…

Ce jour-là, elle avait rigolé très fort, mais je sais que c’était pour me faire dédramatiser, comme elle disait. Parce que je les ai vu moi, rigolant toujours, elle avait pourtant des larmes dans les yeux…Madame l’Ange n’a pas paru convaincue...Dis mon journal, pourquoi personne ne croie jamais les enfants ? Les grands parlent toujours d’expérience », mais ils parlent et n’en font pas, des expériences…

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