Le guerrier ultime [drame épico-comique]

L'assaut fut donné, brusquement.

Il se tenait, droit et fier, combattant aguerri, vétéran de mille batailles, jamais défait, toujours présent. Avec la rapidité qui le caractérisait, il bondit sur son adversaire, semblant passer d'une introspection plus profonde que celle des moines bouddhistes à une frénésie de bataille digne des plus féroces vikings.

Surpris, l'ennemi fut incapable de bouger et sembla paralysé par la rage contenue dans cette première passe d'armes. Le corps-à-corps s'engagea, et le terrifiant guerrier au corps noir de jais n'eut guère besoin de garder ses yeux d'or ouverts. Il frappa et trancha chaque point vital de l'ennemi avec une précision inégalée, couvrant la pauvre victime de coups mortels.

Tout aussi brusquement, le guerrier se dégagea et avisa son oeuvre. Impossible de se méprendre, avec une telle série de mouvements : la créature immonde était certainement bien mal en point.
Mais celui qui survit à mille batailles ne se laisse jamais tromper. Au fond de lui, il sait que la bête ne tardera pas à bouger de nouveau et attendre une ouverture, traîtresse et impassible, patiente et quasi immortelle.

Un bond impossible fit décrire au guerrier une trajectoire plongeante quasi parfaite, et il s'abattit toutes armes dehors, à la verticale, sur l'ennemi de toujours. Cette fois-ci, la sauvagerie déversée sur chaque parcelle du corps déjà reconstitué trahit l'agacement du héros au coeur pur. Quelques morceaux volèrent à proximité, présageant d'une victoire prochaine, tandis que ses armes s'enfonçaient dans les chairs abhorrées avec de moins en moins de froideur et de calcul.

Soudain, un bruit retentit, déconcentrant le guerrier. Quelque chose était tombé, quelque part, et son ouïe fine ne l'avait pas averti. Il souffla bruyamment : il ne devait pas se laisser faire, il devait rester sur ses gardes. La guerrière noire et blanche pouvait le prendre au dépourvu et le mettre en pièces. Les oreilles aux aguets, il n'était pourtant pas dupe et immobilisait son adversaire temporaire au moyen d'une prise complexe, prêt à renouveler son avalanche de coups au moindre signe de danger.

Mais il dut laisser là ses réflexions.

Son nom retentit, accompagné de l'appel caractéristique. Instantanément, il se redressa et parcourut au trot la courte distance qui le séparait de moi, un ronronnement naissant dans sa gorge et prêt à recevoir les caresses qu'il aimait tant.

Sur le sol du salon, le nounours laissait échapper de la mousse par une de ses coutures déchirées, l'air penaud.

Merci ^^ Ca parle de Nekro, mon (pour ne pas dire notre) chaton de 4 mois complètement taré qui met des peignées pas possibles à tout ce qui ne bouge pas, passe son temps à courser Cleo, une gouttière asociale de 3 ans, et réclamer des caresses en ronronnant comme un malade.

Le nounours existe vraiment, même si ce n'est pas son seul jouet : deux souris (dont une qui ressemble maintenant à une boule de laine informe), une balle rebondissante, un paquet de ficelles, des paquets de kleenex vides, des bouts de papier (je l'ai coursé pour lui reprendre un billet de 5€ ce matin, trophée d'une bataille épique avec on ne sait quel démon extraplanaire)...

Ca méritait bien un texte, je crois !

Damned, voilà qui m'attriste. Je n'avais encore jamais lu de texte comme celui-ci, et suis désolé s'il peut paraître classique...

Pour être franc, je l'ai avant tout écrit parce que nous sommes capables, ma douce et moi-même, de passer des heures à l'observer et je devais en écrire quelques lignes. C'est, somme toute, un texte réellement personnel même s'il n'est pas intime.

Ce que je veux dire par-là, c'est qu'il n'a aucune portée d'originalité ni de dépaysement, c'est juste un bonus... Dites-vous qu'après trois lignes, ma chérie a de suite compris qu'il s'agissait du trublion à poils !

J'ai le même à la maison et malgré ses 1 an et quelques mois. Ce petit trublion a décidé depuis hier soir d'élire domicile et griffe dans mon maillot de rugby pour changer du massacre complet d'une bonne vingtaine de tee shirt, de deux chemises de boulot, de mes cheveux, des feuilles d'impôts sans oublier les rideaux de la baignoire, et le napperon (ainsi que les fils d'où l'intérêt du wifi !).

J'avais deviné très vite aussi l'auteur de ce genre de combat.

:pirat: