La chasse [simple essai]

Etendue dans l’herbe, à la lisière de la conscience et de l’inconscience, j’observe un brusque mouvement à la limite extérieure de ma vision .
Une petite boule de poils grise qui semble jaillir de la terre avance très vite puis stoppe net. Une tête se redresse, le museau se relève hume l’air comme à la recherche d’un parfum. Un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche et hop, c’est reparti. Un mètre de course et un nouvel arrêt.

Je m’oblige à rester immobile. je sais qu’au moindre mouvement ce petit miracle va disparaître à la vitesse de l’éclair.

Non loin de là, une tache blanche et noire tranche sur l’émeraude de l’herbe. Immobile telle une statue de pierre, une observatrice attentive suit de ses yeux d’or le mouvement perçu. La queue raidie, les muscles contractés par la concentration, rien ne paraît pouvoir la distraire.
Un oiseau inconscient de ces présences volète à un mètre à peine mais elle ne semble pas le voir . Ignorant le danger, alléché par un insecte luisant, il fonce à terre. Il s’empare de sa proie sans paraître craindre d’en devenir une lui-même. Et il avait raison.

Tout à l’affût de son rongeur, ma minette ignore royalement le volatile chassant.
Ses pattes arrières s’animent d’un mouvement très lent, qui me permet d’admirer sa musculature fine et compacte.

La souris s’arrête enfin. Son but est atteint. Je la vois saisir entre ses pattes avant une noisette et la porter à son museau. Elle commence à grignoter. J’observe le mouvement de ses mâchoires , sa joue qui se gonfle de nourriture. Et zou, un éclair blanc file devant moi et mon sujet d’observation disparaît un instant.

Le spectacle continue de plus belle. La bestiole réapparaît entre les pattes du félin des jardins qui s’empresse de la lâcher. Terrorisée, la souris ne bouge même pas. Puis la chatte la pousse du bout de ses griffes comme pour l’inciter à s’enfuir. Tentation à laquelle la souris s’empresse de céder. Mais elle ne va pas bien loin. Cinq pas à peine et la voilà rattrapée, relancée, relâchée. Un vrai jeu, une vrai torture. Après plusieurs tentatives infructueuses, la souris abandonne et ne tente même plus sa chance.

Brusquement je me lève, fais un peu de bruit et crac, le calvaire est fini.

Un texte très agréable à lire, ça aurait été dommage de passer à côté! J'aime beaucoup le déroulement de l'action, c'est très "doux" bien que la scène en elle-même est pas des plus réjouissantes.

Par contre j'ai trouvé que la fin était un peu sèche "et crac le calvaire est fini", jaurai aimé une petite description de la fuite ou de la mine déconfite de ton chat pour clore cet écrit!