La prophétie des micromycètes [polar]

Il existe sur notre Terre malsaine deux types d'individus, les êtres de sang et ceux de cellulose. Autrement dit le règne animal et le règne végétal. Ces deux systèmes cohabitent et s'entretuent dans des cycles tout à fait prévisibles. Mais mes amis, la Terre supportent d'autres êtres, différents, imprévisibles, éphémères, mais toute fois sauvages et mortelles... Un simple coup de vent peut entraîner la destruction de toute une ville, la dévastation de toute une région. Et regardez ! Les messages abondent tous dans le sens d'une création et multiplication intensive. Mes frères, aujourd'hui et grâce à nous, le troisième règne va prendre la place qui lui revient de droit, mes amis...

Aurélien

-Méfiez-vous des esprits de la forêt, ils n'aiment les gens des maisons d'acier...

-Mais bien sur ! Allez ne vous inquiétez pas, au revoir !

Que me voulait-elle cette sorcière ? Je m'étais juste aventuré au delà ce panneau propriété privée. Mais vous pensez ! Un tel panneau au beau milieu d'une forêt aussi dense et touffue, sans la moindre habitation à cinquante kilomètres... Je m'étais engagé tranquillement et innocemment. Nous étions mardi soir et ma chambre à l'Hôtel "Bel étang" (qui d'ailleurs n'existe pas) ne m'invitait pas à y passer le reste de ma journée. En effet l'accueil manquait quelque peu de bienveillance et de sympathie.

J'ai dû marché sur environ deux cents mètres, foulant une mousse très agréable que les récentes pluies avaient fait naître par ci par là, lorsque j'entendis des craquements et des murmures. Je me retournai, quelqu'un se tenait entre les fougères...

[color=plum]Elle était somme toute assez jeune, je dirai une trentaine d’années. Ses cheveux flamboyant retombaient en cascade sur de fines épaules, elle était magnifique. Une nymphe, dont le corps vallonné aurait mis en émoi la Déesse de la Beauté, sortait gracieusement d’entre les arbres. Je contemplais ébahie les fines courbes avant de remonter (avec beaucoup de retard je l’avoue) et découvrir son regard... Un vert saisissant et hypnotique... De très curieux yeux, un peu illuminé sur les bords. D’ailleurs le fait qu’elle se promener pied nu et en si petite tenue dans la forêt aidait grandement ce sentiment.

Bien que je me tint droit devant elle, elle ne m’accordait pas un regard. J’aurai autant pu être une armoire ou une épave de voiture. Au bout d’un certain temps, durant lequel je ne bougeai ni ne parlait, elle sembla se rendre compte de ma présence. Elle se figea dans une douloureuse expression, définitivement ancrée au sol. Puis, lentement, comme si cet effort lui prenait jusqu’aux ultimes forces, elle inspira... Seul un asthmatique ayant fumé pendant cinquante ans courant sous un pont autoroutier aurait pu émettre de tels sifflements et crachotements. Elle articula enfin douloureusement :

- Sois maudit étranger. Qui te permets d’entrer dans ma forêt ?

- En fait je...

- En ces lieux résident les Esprits de la forêt. Prenez garde de ne pas les déranger.

- Croyez-moi, je n’ai aucunement l’intention de déranger vos amis.

J’essayais de rire mais il me resta quelque peu en travers de la gorge...

- Je sais que vous habitez dans une maison d’acier. Vous n’aimez pas la forêt. Méfiez-vous des esprits de la forêt, ils n'aiment les gens des maisons d'acier...

- Mais oui bien sur, ne vous inquiétez pas... Allez, au revoir !

Je m'éclipsai rapidement, laissant là cette pauvre femme un peu illuminée sur les bords, mais certainement pas dangereuse. Avançant rapidement, je passai par des buissons lorsque j'entendis quelqu'un courir dans la forêt. Je m'abritai et jetai un oeil prudent par dessus les taillis... Était-il possible que...

"Le sol était tapissé de feuilles mortes, et laissait un peu de répit à ses jambes. Mais elle ne pouvait freiner sa course, entendant derrière elle les bruits de pas de l'homme qui la suivait. Les arbres étaient serrés, laissant peu d'espace pour passer, et Elle devait avoir plus de facilité que son poursuivant à se faufiler entre eux. Mais un doute grandissant commençait à se former en elle. Le paysage se dégageait, et la jeune femme pénétra dans une clairière, un cercle au milieu d'une masse sombre. La lumière lui fit plisser les yeux. Elle ralentit un peu sa course, et aperçu une cabane au loin. Elle reprit une cadence élevée et, en se retournant, vit le visage tordu du chauffeur. Un sourire carnassier se forma sur ses lèvres quand il la vit ici, dans ce terrain vide. Elle s'élança le plus vite qu'elle put, et atteignit la petite maison. Elle frappa comme une furie sur les murs et la porte, qui s'ouvrit toute seule. Elle sauta à l'intérieur.

- Où tu te caches ?

Un homme la suivit et pénétra lui aussi dans la maison. Je cherchai à tâtons quelque chose dans ma poche droite qui n'y était pas... A l'intérieur résonna un hurlement suivit d'un bruit sourd... La buée recouvrait peu à peu les vitres...

Une dizaine de minutes plus tard, l'homme ressortit en tenant fermement la femme, recouverte de seulement quelques loques déchirées... L'homme semblait heureux et la femme anéantie... Ils repartirent de là où ils étaient venu et je décidai de les suivre... Les voyant remonter dans une voiture, je notai le numéro et retournai chercher ma voiture à un kilomètre de là. Ils étaient partis vers la ville, il ne sera pas trop dur des les retrouver... Je parcourus le chemin jusqu'à ma voiture tranquillement, faisant même une pause pour fumer une cigarette, appuyer contre un chêne. Il se passait des choses bien étranges dans ces bois.
J'atteins finalement ma voiture, incéra la clef de contact et fis vrombir le moteur... Impeccable... Je m'engageai sur la route de la ville...

Il ne me fallut pas longtemps pour retrouver la voiture dans une si petite ville. Je la vis arrêter devant une maison et j’aillai me garer une trentaine de mètres plus loin, caché au milieu de la foule...

Je baissai ma vitre et jetai un oeil dans le rétroviseur. Il n’y avait pas de doute, c’était bien la voiture du violeur. Il ne me restait plus qu’à attendre qu’il veuille bien sortir de chez lui. J’ouvris la portière et jetai mes jambes au dehors. C’est vrai que cela fait un bien fou de s’étirer après avoir fait de la voiture. J’allumai une cigarette et avisai du coin de l’oeil une boulangerie. Je m’y rendis, achetai un croissant et allai m’installer dans le café juste devant sa porte. J’attendis patiemment durant deux heures. Parfois, je le voyais derrière sa fenêtre en train de parler à sa femme, et, comme je l’avais prévu, vers dix huit heures trente, il sortit et monta dans sa voiture. Je jetai quelques pièces pour le serveur dans le cendrier, puis, suivant son exemple, j’entrepris de le suivre discrètement.

Après être sortis de la ville, nous dûmes parcourir une dizaine de kilomètres dans la direction de la gare désaffectée... Il n’était maintenant plus possible que ce ne soit pas lui. Je le sortis de la boîte à gant, et le déposai sur le siège. Je baissai ma vitre passager et appuyai sur l’accélérateur. Arrivé à sa hauteur je saisi ce que j’avais déposé et le calai bien dans ma main. Je fis une embardée et me déporta sur la gauche en continuant d’accélérer jusqu'à ce que nos voiture roulent de front. Je vis qu’il me regarda et une lueur d'effroi brilla dans son regard. Il la vit certainement transpercer sa vitre et s’écraser contre son front, par contre, il ne dut pas voir le sang gicler dans tout l’habitacle. Sa voiture eut un drôle de soubresaut lorsqu’il s’effondra sur son volant et elle alla finir sa course un majestueux platane bordant la route.

Je continuais doucement d’accélérer sans me retourner...

Mais... Mais... J'ai rien compris ^^ Si ce n'est que le violeur de Esta vient de finir dans un platane ^^ J'espère que Mido avait aps prévu uen autre fin ^^

Un quart d'heure plus tard, j'arrêtai la voiture devant la grille de la gare désaffectée. Plein phare. Apparemment, il n'y avait personne là où se rendait le violeur. Pourtant, il devait bien s'y passer quelque chose. Il est impossible qu'il ne s'y passe rien... Où alors un homme se consumait dans sa voiture et dans son sang pour rien. Comment dire ? Une simple erreur d'appréciation. Je laissai le moteur tourner et saisis fermement mon arme. Encore treize balles dans le chargeur, largement de quoi tuer son homme. Sortant de la voiture, je refermai la porte et m'avançai sur le sol humide *smouitch smouitch*

Pitié qu'il ne pleuve pas...

A peine eus-je prononcer ces mots qu'une énorme goutte, perfide et glacée, d'écrasa sur mon front. Un vrai temps de polar. Je ne pus m'empêcher de sourire à cette pensée, tout en continuant d'avancer vers la grille. Celle-ci était entrebâillée et les restes d'un cadenas rouillé gisaient à ses pieds. Finalement j'avais raison, comme toujours, ils étaient passés par là. Mais quand à savoir s'ils y étaient encore... Si oui il était probable qu'ils aient vu mes phares. Mais après tout, je suis attendu en quelque sorte...

Après un dernier regard à la ronde, je me faufilai dans l'embrasure de la grille. La gare semblait vide et seule... Ma main caressait la belle crosse meurtrière. A force d'avancer et de ne voir personne, j'arrive en bas d'un escalier. Ici la brume tamise la lumière des phares, empêchant la vision au travers de cette barrière floue. Prudemment, une marche après l'autre, je m'avançai. Loin au dessus de moi, une chouette poussa son cri strident. Que pouvait vouloir dire la messagère d'Athéna ? Une branche craque sous mes pieds. Je me figeai, et tendis l'oreille. Rien apparemment. Et ce vent... Mordant telle la neige... Je levai les yeux, à la recherche de la lune. Mais la Dame de la nuit s'était fait très discrète offrant un ciel noir et profond.

Enfin parvenu au sommet de l'escalier, je franchis les restes des tourniquets de sécurités. La lumière électrique de mes phares ne parvenait pas jusqu'ici. On ne pouvait pas se douter qu'il y avait de la lumière là bas... Le bruit du vent s'engouffrant dans un petit tunnel rendait ma présence tout à fait inaudible. L'arme au poing, je fis quelques pas en direction d'un des quai, avant de brusquement m'accroupir derrière un vieux banc. A une trentaine de mètres, trois hommes armés claquaient du talon sous la tempête glacée. Leurs longues mitraillettes en bandoulière, ils ne présentaient aucun danger pour l'instant... Mais s’il y avait un groupe d’homme armé, un second ne devrait plus tarder à arriver... Néanmoins, rien ne se passait. Seul le vent continuait de tourmenter les restes de cette gare en piteux état... Toutes les cinq minutes, celui qui semblait être le chef saisissait son téléphone et crachait deux mots dedans. Il ne semblait pas satisfait et trépignais de plus en plus nerveusement, regardant sa montre, jetant des coups d’oeils de tous côtés.

Le froid agressait ma peau finement couverte. Mes mains bleutées tremblaient dans le vacarme de la tempête. Vraiment pas idéal pur tirer. Puis, au loin, résonna le bruit caractéristique des pales d’un hélicoptère...

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