[tragique] Dans mes bras...

Elle est morte dans mes bras.

La gamine avait pris une balle perdue, peut-être venait-elle de notre coté, peut-être venait-elle même de mon fusil. A vrai dire, j'étais dans la mêlée quand ça s'est passé. Les séparatistes sont apparus au coin de la rue, nos armes se sont alors mis à cracher leur projectiles mortels. J'étais tellement en colère que j'ai vidé mon chargeur entier, sur ceux qu'on m'a appris à désigner comme "ces chiens d'infidèles". La gamine a traversé la route à ce moment précis, tandis que les séparatistes commençaient à reculer. Une balle dans les côtes, elle a trébuché, et s'est étalée par terre, dans la neige. Personne ne s'en souciait, et les miens sont passés à coté sans la regarder. Moi j'ai pris une balle dans le bras alors que je me croyais intouchable. Je suis tombé, un genoux à terre, en hurlant et en me tenant le bras meurtri.

Elle est morte dans mes bras.

C'est la que j'ai remarqué cette enfant, qui gisait par terre, en sanglotant. Je me suis approché doucement, je l'ai assise, et elle s'est arrêtée. Elle m'a regardé tristement, elle m'a demandé qui j'étais. Je me suis tut, pour ne pas lui répondre que j'étais sans doute son bourreau. Je lui ai demandé ce qu'elle faisait encore chez elle, tandis que la ville était déserte. Elle m'a dit qu'elle se cachait, en attendant que ses parents viennent la chercher. Elle m'a dit qu'elle allait mourir. Son flanc saignait abondamment. Je lui ai dit qu'elle allait rejoindre la déesse protectrice, et que celle-ci la rendrait heureuse, en lui offrant des bonbons, des glaces et du chocolat à longueur de journée. Je lui ai aussi dit qu'elle y resterait en attendant que ses parents viennent la rejoindre.

Elle est morte dans mes bras.

Elle m'a dit que ce n'était pas la peine de lui raconter des histoires pour la rassurer. Elle disait que sa maman lui avait appris à ne jamais mentir, que c'était les gens bêtes qui mentaient. Elle disait qu'elle allait affronter la mort. Dix ans, et résignée à mourir. Je pleurais à chaudes larmes, sous l'effet de la tristesse, et sans doute aussi de ma douleur lancinante dans le bras. Je ne savais plus quoi dire, et le froid intense me pétrifiait. Puis ses yeux se sont voilés, et ses paupières se sont fermées. Je l'ai serrée très fort contre moi.

Elle est morte dans mes bras.

J'ai hurlé ma douleur et ma colère contre cette guerre. J'ai braillé des injures jusqu'à m'époumoner, j'ai vomis ma haine, jusqu'à ce que ma voix se brise. J'ai pleuré, jusqu'à ce que me déshydrater. Je serrais toujours le corps glacé et inanimé de la gamine. Je n'ai pas non plus voulu bouger, quand l'infirmier a posé sa main sur mon épaule, et me rappelant que j'avais perdu beaucoup de sang. Je suis resté dans cette neige, à genoux, la gamine dans les bras, jusqu'à ce que mes membres s'engourdissent, et que je m'allonge tant bien que mal à terre. Alors ils m'ont emmené, sans que je lâche le corps de la fillette. Ils m'ont soigné, sans que je lâche le corps de la fillette. Ils m'ont laissé m'en aller, sans que je lâche le corps de la fillette. Avec ce qu'il me restait d'énergie, je suis allé l'enterrer au pied d'un magnifique chêne, que la guerre avait miraculeusement épargné. Je l'ai enveloppée dans la couverture de survie que j'avais caché dans ma veste, au cas où je devrais rester longtemps dans la neige. Quand enfin, j'eus fini de lui donner une sépulture honorable, je me suis agenouillé devant le chêne, et j'ai saisi mon révolver. Le courage m'a manqué...

Cette journée est restée gravée dans ma mémoire. Et toutes les semaines, je suis venu déposer des fleurs sur la tombe de la gamine. Aujourd'hui, je n'ai plus le goût à rien. Je mange peu, je ne dors pas, je ne vois personne. Je ne suis plus qu'une ombre dans ce triste monde, une âme perdue. D'une certaine manière, on peut dire que ce jour là...

Je suis mort dans ses bras...

Bien bien, j'aimerai dire deux ou trois choses concernant ce texte.
Déjà, le côté répétitif des "Elle est morte dans mes bras", moi j'aime bien, ça fait comme un fil conducteur, qui nous permet toujours de savoir à quoi nous attendre, jusque la dernière, la phrase clé du récit "Je suis mort dans ses bras", ça pour moi c'est que du tout bon. Du côté orthographe, ya pas grand chose à dire, c'est bien écrit sans fautes voyantes, encore quelque chose de bien. L'histoire triste en elle même est assez bien menée, sauf ...

Sauf que je trouve qu'il manque quelque chose à ton texte (ééhh oui désolé ^^'). Ton narrateur n'est autre que le l'un des tireurs ayant recueilli la petite mourrante, donc un narrateur interne au récit. Or toute tes phrases se finissent par un "." (sauf 3). Normal tu me diras qu'une phrase s'achève par un point, non ? Eh bah non, pas lorsque quelqu'un parle. Là ton narrateur comme je l'ai déjà dit, est aussi acteur du récit, mais là, on dirait qu'il ne fait que lire le déroulement des (tragiques) évènements. Je ne ressens pas assez une émotion qui devrait pourtant être omniprésente. Un exemple :

" Je ne savais plus quoi dire, et le froid intense me pétrifiait. "

Moi une phrase comme ça, lorsque quelqu'un de vivant dit ça, ça me paraît affreusement plat. J'aurai plutôt tendance à mettre quelque chose du genre :

" Que dire ? ... Et ce froid intense qui me gelait du plus profond de mon être ! "

C'est tout de même moins platonique non ? Personnellement, ça me conviendrait plus... Mais bon ce n'est que mon point de vue sur la question. Pour moi ce genre de témoignage, ça doit "sortir des tripes", on doit être renversé par l'émotion que subit le personnage/narrateur, qu'on sente que ça le détruit au plus profond de soi. Et cette profondeur, on doit la sentir dans la ponctuation, mais aussi dans un vocabulaire fort, quitte à ce qu'il penche parfois sur du grossier, mais ça donne plus de force à tes propos...

Voilà, j'ai été un poil long (l'âme d'un prof au sommeil qui se réveille ? ^^), mais ça me semblait nécessaire que d'argumenter mon point de vue sur le sujet. Tu en tiens compte ou non, à toi de voir, moi c'est ce que j'en pensais, et je reste globalement sur quelque chose de fort positif (comparé à ce que je peux laisser montrer) Wink

PS : ce texte m'a fait pensé à un des miens, que je te mets ici, tu iras le lire si tu le désires, et n'hésites pas à en faire un comparatif avec le tien, on a toujours tout à gagner à comparer le style de quelqu'un d'autre pour quelque chose de semblable...

Eh bien, je suis peut-être, voir sans doute, dans l'erreur, mais j'apprécie justement, ce style de narration, à phrase courte, terminées par des points Wink

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Après, je reconnais que ta critique est très justifiée, même si, le narrateur raconte un évènement très ancien, et est très abbatu, ce qui explique l'émotion un peu masquée, par la tristesse. Cependant, j'avoue que j'ai vraiment été très modeste sur la dose d'émotion ^^' .

Il est certain que comparé à ton texte, c'est très différent.
A noter tout de même que ton personnage raconte beaucoup sous l'effet de la colère, tandis que le mien raconte sous l'effet du chagrin, ce qui implique une nette différence Wink

Et il ne faut pas craindre de faire une critique, que ça soit positif ou négatif, je considère ça comme toujours enrichissant, donc sur mon prochain RP, faudra surtout pas te modérer et y aller à reculon, hein Laughing

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