Aëringor
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| Le Panthéon des Mondes Blancs d'Aëringor | |
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Invité Invité
| Sujet: Le Panthéon des Mondes Blancs d'Aëringor Jeu 31 Mai - 18:02 | |
| Le Panthéon des Mondes Blancs d'Aëringor
Sont conservées ici les oeuvres ayant été élues par les membres de la communauté des Mondes Blancs d'Aëringor. Vous avez voté pour qu'elles soient misent à l'honneur et affichées ici, au Panthéon des plus belles oeuvres de ce forum. Toutes ces oeuvres sont en libre diffusion, il est cependant impossible aux utilisateurs de poster sur ce sujet. Nous vous souhaitons une agréable lecture.Calendrier des oeuvres du Panthéon:* Session 1 (allant du 31/05/07 au 17/06/07) --> Divers Oeuvre ayant remportée le plus de suffrages: Atlantique Nord par Plumo
* Session 2 (allant du 18/06/07 au 01/07/07) --> Divers Oeuvre ayant remportée le plus de suffrages: Le sacrifice de la reine par Sephiroth
* Session 3 (mois d' août) --> Poèmes Oeuvre ayant remportée le plus de suffrages: Sulfureuse Addiction de Kensei* Session 4 (mois d' octobre) --> Textes courtsOeuvre ayant remportée le plus de suffrages: Mamie par Dounette
Dernière édition par le Sam 21 Juil - 13:58, édité 4 fois |
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| Sujet: Re: Le Panthéon des Mondes Blancs d'Aëringor Lun 18 Juin - 1:07 | |
| Edition (Méphistophélès): Retrouvez les commentaires archivés de ce texte sur le lien Débat: Atlantique NordAtlantique Nord La première chose que je ressentis en me réveillant, c’était un énorme mal de crâne. J’avais l’impression de m’être endormi complètement saoul sur un vieux canapé aux ressorts rouillés. Je n’ouvris pas les yeux tout de suite et tentait de me remémorer les évènements passés. Le voilier, la tempête, la dérive dans le minuscule rafiot...bah tout ça n’était sans doute qu’un mauvais rêve ! Je réalisai alors que depuis tout à l’heure un petit bruit strident se faisait entendre. Avec la bonne humeur caractéristique d’un homme que l’on réveille trop tôt le matin, je donnai un grand coup de poing dans la poche de mon pantalon d’où semblait provenir le bruit. Ironie du sort ou non, voilà que le réveil se mit à sonner encore plus fort. Je réalisai alors qu’il s’agissait de mon portable. Toujours sans avoir jeté un seul regard autour de moi, je plantai l’écran du gêneur en plein devant mes yeux et daignait enfin ouvrir une paupière alourdie par le fatigue. Je pouvais lire en grosses lettres noires « anniversaire Claire penser à acheter des fleurs ». Ca c’était une bonne idée de le marquer. Trop exténué pour faire quoique ce soit d’autre, je laissai tomber mon précieux bidule par terre. Je me frottai alors le visage et repoussait une mèche rebelle lorsque je m’aperçus que je n’étais pas dans mon appartement. En fait, je n’étais nulle part. Tout autour de moi s’étendait à perte de vue d’immenses étendues d’eau, sans fin, sans îlot, sans relief, sans vie, sans rien. D’ailleurs même s’il y avait eu le moindre monceau de terre, j’aurais été bien en peine de l’apercevoir : il faisait nuit noire. Ce que j’avais cru être mon lit était en fait le sol d’une sorte de canot pneumatique jauni et usé par les ans, et mon oreiller se trouvait être la tête d’un vieil homme. Alors ça n’était pas un cauchemar, juste la réalité. Pour résumer la situation, moi et les différents rescapés étions perdus quelque part dans l’Atlantique Nord, sans plus aucun vivre et rien à boire depuis deux jours. Et dire que l’espoir fait vivre...Lorsque précédemment j’avais essayé d’appeler des secours, j’avais eu la grande joie de constater qu’il n’y avait bien entendu aucun réseau. Je voulus m’asseoir alors sans réveiller qui que ce soit, mais je compris très vite que c’était peine perdue. Je résolus alors de rester debout, les bras croisés. Etrangement, je n’arrivai pas à m’accabler sur mon sort ou à pleurer. Et pourtant, la situation était des plus dramatiques ! En fait j’en avais tellement ras-le-bol de toutes ces histoires que désormais je laissai le sort faire les choses. Après tout, c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, et je m’appelai Richard, pas Rambo. Sans espoir, je scrutai alors l’horizon, tentant d’y apercevoir un signe de vie, n’aurait-ce été qu’une lumière. Mais rien. Le néant. Et en plus, mes chaussettes étaient mouillées et ma chemise puait l’humidité et la crasse. C’est alors que, en me retournant pour récupérer mon manteau, je vis tout près de nous naviguer un énorme navire. Malgré son aspect fantomatique et inquiétant, je bondis de joie et faillis tomber dans l’eau. On était sur un minuscule rafiot en latex, pas sur le Titanic ! Je réveillais les autres sans ménagement, hurlant à tout va. En quelques minutes ils étaient tous aux aguets, encore plus qu’un jour de paye, et lorgnaient avidement le bateau, criant de plus en plus fort pour se faire remarquer. Au soulagement général, l’immense machine se dirigea bientôt vers nous. Alors que le navire s’approchait, je fus surpris par l’absence de vagues sur son passage, et par le silence qui régnait tout autour. Toute cette mécanique aurait pourtant du faire énormément de bruit. Quand on savait que ma bagnole à moi, Richard premier du nom, faisait plus de boucan que ça, ça donnait matière à réflexion ! Toujours est-il que l’on n’allait pas laisser passer cette aubaine. Alors que notre miracle en fer et en tôle se rapprochait de nous, je pus lire sur son flanc droit le nom du monstre : Le Styx. Si je n’étais pas le premier à me moquer des superstitieux, j’aurais commencé à m’inquiéter... Une épaisse corde nous fut alors lancée depuis le haut du vaisseau. Toujours sans un bruit, pas même un clapotis, son extrémité heurta violemment la surface de l’eau. Toujours pas une voix, pas une silhouette, et pourtant cette corde qui était là à nous tendre ses deux petits bras, cette corde qui sur le moment représentait tout ce qu’il y avait d’essentiel dans nos vies : la liberté, la civilisation, la culture, les fast-food, le téléphone, et bien entendu la télévision. Après les effusions de joie des rescapés, le silence. Tout le monde avait remarqué qu’il y avait quelque chose d’étrange, quelque chose de louche derrière ce miracle presque stéréotypé du bateau arrivant au dernier moment pour sauver les gentils naufragés. Enfin quoi quand on sauve des gens on y met un peu de soi ! On crie, on hurle, on apostrophe, et même si on ne parle pas la même langue, au moins on gueule ! En voilà du sauvetage, du vrai. Mais non, là on lance un bout de tissu, comme si on avait l’habitude d’en sauver à la pelle des comme nous. En tout cas, personne n’avait fait mine de grimper pendant de longues minutes. C’est la mémé qui craqua et décida d’agripper solidement la corde et de se hisser lentement. Alors là c’était une première ! Elle y arrivait, et avec l’aisance d’un singe grimpait tout le long. C’était super mamy et wonder woman réunis en une seule et même personne. Suivi bientôt son mari, âgé et pas bien en forme lui non plus, qui y arriva tout aussi facilement, puis l’arrière petit fils d’à peine dix ans. A contrecoeur, je me décidais enfin à attraper cette maudite ficelle et à en voir le bout. Et bien figurez-vous que moi, Richard Michelet, qui avait passé plus de temps dans les pubs que dans les salles de gym, parvenait sans aucune difficulté à grimper. Cela faisait trop d’éléments qui s’enchaînaient à la suite, quelque chose ne tournait pas rond. On aurait dit un vieux navet où les réalisateurs avaient oubliés d’ajouter les bruitages et les quelques détails qui rendent une scène réaliste. Il manquait à tout ça des tripes, une consistance ! Malgré ma conscience qui me hurlait de repartir en arrière, je continuais à grimper, encore et encore. Mais j’étais pourtant persuadé au fond de moi-même qu’un drame allait se produire, quelque chose d’abominable, d’atroce, dépassant l’entendement humain. Là, tout de suite. Je sentais qu’en quittant ce petit rafiot, je délaissai une partie de moi-même, un bout de mon âme, de mes souvenirs. Je finis tout de même par arriver au bout de cette petite séance d’escalade, et m’écroulait sur le pont, non pas par épuisement mais pour baiser le pont goudronné qui avait tout pour plaire à un citadin comme moi. Une fois tout le monde embarqué, le navire commença à repartir lentement vers le port le plus proche. Et pourtant, quelque chose me tracassait de plus en plus. Je voyais le drame se rapprocher, lentement, mais toujours plus vite, toujours plus près. Il serait sur nous dans quelques instants, c’était sur. Désespéré, je jetai alors un dernier coup d’œil à notre embarcation de fortune qui dérivait au loin, définitivement perdue. C’est alors que je compris tout. Ca y est, je me sentai mourir. Tout était fini...le vieux capitaine m’interpella en voyant ma face livide. J’étais le seul encore à avoir réalisé l’enjeu du drame qui sous nos yeux venait d’arriver. Tous les regards étaient fixés sur moi, sur le moindre mouvement de mes lèvres. Les larmes me vinrent aux yeux et en pleurnichant je parvins enfin à murmurer « J’ai oublié mon portable dans le canot ! ». Oeuvre protégée. Toute violation des droits d'auteurs est passible de poursuites judiciaires. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Panthéon des Mondes Blancs d'Aëringor Mar 3 Juil - 11:19 | |
| Le sacrifice de la reine Ce texte n’est pas destiné à plaire, ni à nuire. Ce texte impose et exprime les pensées de l’auteur. Auteur à la vie un peu folle… Peut on appeler vraiment cela une vie ? Il est mort depuis longtemps cet homme. Toute passion l’a quitté, toute envie également. Ce qui le rattache à l’existence, c’est sa pensée…Pensées folles et obsédantes, confuses et inquiétantes…Il est assis, cet auteur. Il se berce, lentement, le regard vide, dénué d’expression. Et moi, je l’observe de là-haut, je lis et retranscris ce que sa plume note machinalement.Oh, ce n’est pas qu’il aime ça, non ! Ecrire n’a de sens pour lui que parce que c’est son billet sans retour vers la mort, un nouveau départ. C’est une coquille vide, on le secoue, il est aussi vif que l’est une pierre : c’est peu dire. Rien ne vibre en lui, ses sens ne lui transmettent plus que de vagues perceptions. Est-il malade ? A la connaissance des gens « normaux », non. Il est pourtant blanc comme un mort, cet homme. Et malgré son jeune âge (26ans), il est fatigué, las et se sent vieux. Mais « eux », ils ne comprennent pas…Non, ils ne veulent pas comprendre, c’est différent. On le dit fou…Lui pense que tout le monde est fou de vouloir être à tout prix « normal ». Assis, le dos au mur, sur son lit, il fixe toujours un des murs à la blancheur immaculée de sa chambre. Cela fait 3ans qu’il est là et qu’on le surveille. Il sait pour la caméra, mais il tolère que je regarde. Personne ne comprend son intelligence sur la mort. Maintes fois il l’a rencontrée, et lui a échappée. Il sait qu’elle rôde pour l’avoir. Il se hâte vers elle, qu’elle le prenne et qu’il ne soit plus. Mais elle joue, la souffrance l’amuse… Trois ans plus tôt, Personne Lesage avait fait une tentative de suicide. Normalement seuil dans sa maison, celui-ci avait mis en œuvre sa dernière expérience : la mort. Il n’avait éprouvé que peu de douleur à s’ouvrir les veines, à l’aide d’un morceau de miroir brisé. Il ne s’était pas privé, « le sang est souvenir » avait-il lu dans un livre de fantasy. Il avait tenté, si le sang lui rappelait le goût de vivre, peut-être la mort le laisserait-elle en paix. Il avait recueillit une petite gorgée qu’il eut du mal à ingurgiter. Ca n’avait pas fonctionné… Alors, Lesage avait contemplé son visage pâle et dénué de tout expression. Bientôt, bientôt il règlerait ses comptes avec la mort… Il avait souri : pas si vide que ça, la vengeance avait survécu. Mais voilà, il était toujours vivant. On était samedi matin, ses amis voulaient lui faire le coup des témoins de Jéhovah… (Lesage les aimait bien, ces gens avaient une conception différente de la vie, mais semblait la vivre très bien. Il avait souvent discuté avec eux…). Ses amis n’entendant pas de réponse décidèrent de faire le tour de la maison. Voyant toutes lumières éteintes, ils s’inquiétèrent : Lesage était casanier, il sortait à peine pour faire ses courses, depuis le décès de sa fiancée. Lesage ne voulait pas qu’ils viennent, mais ils lui téléphonèrent et son erreur fut de couper son portable. Se doutant d’un réel danger, ils défoncèrent la porte et trouvèrent leur ami dans un sale état. « Bandes d’emmerdeurs » songea t’il. L’ironie voulait que Lesage n’éprouvait pas grand-chose envers ses amis il n’éprouvait pratiquement rien pour quoi que ce fut, de toute manière. Pleins de bonnes intentions, on l’avait mis en surveillance, cela devait durer 7ans. La mort ne manquait pas d’humour, ses voisins sadiques le surnommait « miroir de mort », à cause de sont teint livide et du morceau de miroir utilisé pour arriver à ses fins. Il lui restait 4ans normalement, mais Personne ne pouvait plus attendre : son cousin, le plus fidèle qui lui rendait souvent visite venait de mourir…Affreux ! Une tôle s’était envolée pendant une tempête. Sortant de sa voiture pour s’abriter, il fut décapité. Il fallait donc qu’il en finisse…Ce que personne ne savait, c’est que la mort et la vie est un jeu. C’est le chat qui attrape la souris. Ayant échappé deux fois à la mort dans sa plus tendre enfance, elle avait changé de tactique : elle le faisait mourir à petit feu en emportant sa famille, ses amis.Son grand ami, Jean : renversé par une voiture. Plusieurs membres de sa famille par le cancer, d’autres par la vieillesse. Et sa promis…Violée, torturée et pas de coupable. Ironie : on l’avait cru coupable ! Pourquoi l’aurait-il violée, alors qu’avec elle, ils vivaient dans le bonheur, chacun se nourrissant de l’amour de l’autre. Il avait décidé de se suicider, comme une technique de jeu d’échec, parait-il : le sacrifice de la reine…L’étau de la mort se resserrait sur lui en emportant, tour a tour, ses proches. Il lui fallait mettre fin à ses jours, pour sauver les autres pions de l’échiquier. La mort gagnerait, mais pas comme elle le voulait : on pouvait donc considéré cela comme une défaite. Aujourd’hui, Lesage a compris qu’il ne devait pas montrer qu’il allait mourir. Livrant ses dernières pensées, il fit une pause, se rendit dans la salle de bain et revient avec un miroir qu’il fixa au mur. Prenant la housse de son oreiller, il déchira des languettes de tissus puis, il fit les contours du miroir et y colla ces dernières avec du chewing-gum. L’objet avait perdu son aspect initial, on aurait dit un cadre maintenant… Il écrit ses dernières lignes maintenant, je l’observe à demi réveillé et j’ai l’impression qu’il devient translucide. Je me frotte les yeux, mais je ne rêve pas ! Affolé, je cours vers la porte pour parcourir le couloir et pénétrer dans sa chambre. La porte ne s’ouvre pas…Je me retourne et regarde l’écran, bouche bée : Lesage ! Il sourit ! Il disparaît aussi, il semble être aspiré dans le miroir… Un déclic, la porte est ouverte par mon collègue qui vient prendre la relève. Cette fois, je cours, droit vers la chambre 642[1] . J’ouvre et sur la table est posé le miroir. Je regarde et tel un cadre, j’y vois Lesage, souriant. Dans ses yeux, une étincelle, il a retrouvé le goût de « vivre ». Sur un papier sont écrits ses derniers mots : « Le sacrifice de la reine…à chaque nouvelle partie, elle renaît pourtant et commence une nouvelle vie. Si vous me voyez plus vivant étant mort, si vous voyez la vie dans mes yeux, demandez-vous : c’est un miroir, il est là et de l’autre côté en même temps ; ne serait-ce pas mes yeux, mon visage, que je vois ? » M’en rendant compte, je me lève. Je file aux toilettes et me passe de l’eau sur le visage. Je fixe le miroir et me vois : Personne Lesage, prisonnier de son esprit. Je ne souris pas, mon reflet lui, si. Et ses lèvres bougent, prononçant des mots dans ma tête : « Un jour, je t’aurais. Je suis loin et proche, je suis ton reflet, ton âme, ton esprit. Je suis ta mort. Alors, vit ! C’est toi qui fais la vie, la modèle. La mort fait partie de l’existence, impossible d’y échapper. Libre à toi de vivre heureux avant qu’elle ne t’attrape ». Assis dans un lit, dos au mur, dans la chambre 642. Derrière moi est fixé un miroir, où mon portrait m’observe. Je le tolère. Je vais disparaître… mais pas tout de suite ! Ainsi, je m’arrête, cette histoire n’en est pas une, c’est un morceau de vie. Pensées, rêves ou réalité, qui sait ? Moi-même, pour une fois, je ne cherche pas à comprendre. Je suis là, j’existe, c’est tout et c’est déjà pas mal. En cas de doute, je fixe le miroir et en mon cœur se met à battre ce mot : « vit ». |
| | | Elvia Invité
| Sujet: Re: Le Panthéon des Mondes Blancs d'Aëringor Mer 22 Aoû - 15:08 | |
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Sulfureuse Addiction Insoucieuse Aphrodite, susurre à mon oreille Que tu m’aimes et que l’aile que tu serres dans tes bras, Est la clée cristalline du royaumes des merveilles Arrachée de mon être, témoin de mon trépas.
Dévore mon présent, capture ma passion ! Je dépose mon glaive devant ta robe de soie. Je t’en conjure déesse, descend de ton balcon ! Viens savourer la sève de mes premiers émois.
Mystérieuse beauté, maîtresse de mon cœur, Exalte ma jeunesse, assoiffée de luxure, Ton enivrant parfum aux délicates fleurs Adoucit calmement mes anciennes blessures.
Embrassons le destin, Ô reine de mon corps, Et tissons le futur au creux de nos ébats ! Mon ardente addiction se consume et mon sort Restera prisonnier de tes yeux chocolats.
Je te prie, doux fléau, d’accepter un baiser ! Berce moi d’illusions, offre moi ton miroir ! Dans ce monde sans goût, ton reflet suffirait A me combler, ce jour, de l’allégresse d’un soir.
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| | | Le Fondateur Bienveillant Supérieur.
Nombre de messages : 766 Age : 33 Style Littéraire : Fantasy, science-fiction, univers spatial. Animal représentatif : Le pingouin. Passion : Fumer de l' herbe à pipe, assis sur une branche d' arbre, lisant le Livre Rouge. Date d'inscription : 07/03/2007
| Sujet: Re: Le Panthéon des Mondes Blancs d'Aëringor Lun 22 Oct - 19:30 | |
| Mamie Il fait chaud, c’est l’été. Mamie a installé la petite piscine gonflable, sous le cerisier qui n’a jamais donné de fruit. Je barbote, je suis bien. Mamie sourit, visage confiant, mains apaisantes. Je lui souris aussi. Mamie… J’ai 5 ans. La maison craque, sous le vent orageux. J’entends la respiration régulière de ma sœur, mais moi je ne dors pas. Il fait si noir dans la chambre ! Et le lit est si haut ! Il y a beaucoup de choses qui pourraient se cacher dessous… « Mamie ! » je gémis, doucement, par peur de réveiller les monstres tapis dans la pénombre. « Mamie ! » je sanglote, j’ai trop peur. « Qu’est ce qu’il y a ma chérie ? » mon cœur explose. Mamie ! Elle est venue, elle me soulève et m’emporte dans sa chambre. Elle est chaude sa chambre, et les draps sentent bon. Je me blotti contre sa chemise de nuit, et ses mains m’exhortent à m’endormir vite. Aucun doute, elle est beaucoup plus forte que les monstres, ma mamie. Je m’endors instantanément. J’ai 7 ans. « Non, pas comme ça ! Regarde Cécile, Il faut faire passer l’aiguille au dessous du fil, pour faire un joli point. » Je m’énerve, j’en ai assez. Mamie soupire. « Allez, va jouer, je terminerai pour toi » Chouette ! Maman sera bien contente quand je lui montrerai le joli coussin que je lui ai brodé ! « Et je l’ai à peine aidée ! » s’écriera, complice, une Mamie enfantine. J’ai 9 ans. La pluie frappe les volets et le toit. Impossible de sortir. Ma sœur et moi sommes d’humeur morose : Mamie n’a pas voulu faire des frites à midi. Soudain, mes yeux s’arrondissent. Mamie, les bras chargés de coussins et de couvertures s’écrit, joyeuse : « Qui a envie de faire une cabane sous les escaliers ? » Je saute de joie ! Une cabane, quoi de plus excitant ? On s’agite, on arrange, on aménage. Les escaliers sont condamnés, on a notre QG. « Qui veut du chocolat ? » J’ai 10 ans. « On part dans 5 minutes ! » On va chez le boucher. Evénement important, son petit-fils, Antoine, est de passage au village. Je cours me changer. Je suis très fière, Mamie m’a donné un petit flacon de verni à ongle rose. J’ai mis trois couches, pour être sure. Les ongles colorés, je me sens prête à conquérir le monde, je suis une femme maintenant. Je marche droit, je snobe Antoine. Mamie sourit « Tu es si belle ma chérie… » J’ai 11 ans. Mamie cuisine. Une mouche obstinée se cogne inlassablement contre les carreaux. Après-midi gourmande : il y aura des crêpes au gouter. Je suis inquiète, mon amoureux ne m’a pas écrit. Pourtant il avait promis ! Je lève les yeux, Mamie me regarde, inquiète. « Allez, viens ma chérie, on va l’appeler ensemble, ton amoureux ! » Elle m’ouvre ses bras, son tablier sent le sucre. « Merci Mamie… » J’ai 13 ans. Je veux un chat ! Maman a dit non, Mamie a dit oui. Ma sœur est ravie, je boude quand même un peu. Une voisine a des chatons, ça tombe bien ! Mamie veut le petit blanc, je craque sur le noir avec une petite tache. Mamie décide : «On l’appellera Mija ». Mija ronronne, je suis heureuse. Mamie soupire : que va-t-elle faire d’un chat ? J’ai 14 ans. Papa et Maman sont venus nous chercher. Mamie m’a fait une surprise : elle m’a cousu une nouvelle robe ! Une belle, en tissu bleu, qui bouge quand je marche. Je descends les escaliers, une vraie star de cinéma. Papa arrondi les yeux, Maman marmonne « c’est beaucoup trop court ! » Mamie me regarde, les mains jointes « Elle a des jambes de mannequin, cette petite ! » C’est pas vrai, mais j’exulte. J’ai 16 ans. « Mamie, vous ne l’avez pas nourrit depuis quand ce chat ? » Nous sommes tous venus pour le week-end. Maman se penche sur la gamelle, vide. Mamie, scandalisée, s’écrit « Bah ce matin pardi ! » Mija miaule, il n’a plus que la peau sur les os. Maman ne dit rien, mais va chercher la pâtée dans le frigo. Mamie va bouder dans le salon, vexée. Ma mère se retourne lentement, les sourcils froncés. Mon père s’approche, inquiet. Je vais voir à mon tour : dans le frigo, tout est périmé. Une inquiète plane. Cette inquiétude a un nom : Alzheimer. J’ai 17 ans. Mon père pleure. Ma mère a pris sa voix raisonnable. Je les entends chuchoter, dans le salon. La décision est prise, Mamie ne peut plus rester toute seule. Elle va être placée. Quel vilain mot ! « Nous allons devoir vendre sa maison. » Coup de tonnerre dans mon ciel égoïste. Vendre la maison de mes vacances ! Mamie crie, elle ne veut pas partir, elle ! « Vous voulez me voler ! Vous voulez vous débarrasser de moi ! » J’ai 18 ans. « Et Cécile, ça va ? Elle est où ? Pourquoi elle n’est pas là ? » Toujours la même question. Maman répond, infatigable : « Mamie, vous le savez bien, elle est partie faire ses études à Paris. » Mamie ne comprend pas vraiment, mais reprend son repas. La salle est froide, c’est le réfectoire commun. Une infirmière passe, il faut que Mamie prenne ses médicaments. Une dame marche, en trainant les pieds. Elle peut faire ainsi dix fois le tour des chambres. Mamie marmonne « Elle est folle celle-là ». Puis « D’ailleurs, ils sont tous fous ici, c’est une maison de fous. » Eclair de compréhension, puis de colère «Pourquoi je suis ici ? Je ne suis pas folle moi ! » Un voile passe sur ses yeux, les plis de sa bouche s’affaissent, son doigt se lève pour gratter inlassablement un bouton parti depuis longtemps. « Et Cécile, ça va ? Elle est où ? Pourquoi elle n’est pas là ? » J’ai 21 ans. «Tenez Mamie, une nouvelle photo, Cécile vient juste de nous l’envoyer. » Maman s’active, pour tout ranger, avant de partir. Mamie est assise, au bord du lit. « Suzanne…qui est ce ? » Ma mère se retourne, pétrifiée. « Voyons Mamie, c’est Cécile, votre petite fille ! » Mamie ne répond pas, complètement perdue. « Ou est mon fils ? Où est Jean-Luc ? » gémit elle. Maman insiste : « Mamie, c’est Cécile ! C’est Cécile !». J’ai 24 ans. Aujourd’hui, je viens de disparaitre, effacée de la mémoire de ma grand-mère par une maladie terrible, par la maladie d’Alzheimer. Je ne suis même pas morte, je n’ai jamais existé. Ma détresse est si grande qu’elle n’a pas de nom. Aujourd’hui, je ne peux que pleurer la mémoire perdue de celle qui a été la gardienne de mon enfance. Ce texte n’a de valeur qu’à mes yeux, mais je voulais partager avec vous cette horreur, cette maladie infâme qui transforme la plus aimante des petites filles en une inconnue sans visage. | |
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