La pluie tombait dans la rue...
Les voitures paraissaient grises...
Les maisons aussi l'étaient...
Les gens se pressaient pour rentrer chez eux et se réconforter auprès d'un café bien chaud...
Eux même sont gris et moroses...
Surtout dans le plus profond de leur coeur...
Mais ils ne savent pas...
Ils ne peuvent savoir...
Ni voir, ni entendre...
Ni comprendre...
Un auteur philosophe disait :
"Les ignorants sont bénis"
Je ne suis pas béni moi...
Quand j'y pense... Je ris de toute cette ignorance...
Des abrutis... Tous ! Tous autant qu'ils sont !
Et je sens la solitude peser sur mes épaules...
Je suis solitaire.
Par choix mais surtout...
Par nature.
Pourquoi je ne suis pas béni ?
Mais parce que je sais, je sens, je vois, je touche, je pense, et je goûte ce que les autres savent, sentent, voient, touchent, pensent, goûte...
Comment est-ce possible ?
Voilà la vérité que je cherche...
Personne ne sait... Ni ne saura... Et n'a jamais su...
Je suis dans une foule de plusieurs milliers de personnes et pourtant je suis... Seul...
Et je souffre...
Pas de la solitude, non... Je me suis fait une raison...
Encore que... Quand je vois des couples heureux...
...
Non je souffre à cause sentiments des autres...
De leur regard envers moi et envers eux-mêmes...
J'ai parlé de tout ça à mes parents avant ma majorité...
J'ai passé trois mois dans un asile...
Au bout du quatrième, je me suis enfuit.
Je savais comment, où et à quelle heure...
C'est l'avantage d'avoir un gardien dont le passe-temps favoris est le commérage et dont la curiosité ne s'arrête pas aux simples histoires du service...
Pendant sept ans j'ai fugué. Allant de ville en ville, de village en village...
Alors ils m'ont repris.
Je crois que c'est à cause d'une mère qui avait peur pour ses enfants...
Comme si je leur ferai du mal...
Ce serait stupide...
Ce serait comme me torturer moi-même...
En plus de eux...
Et je suis économe... Et flemmard...
Pourquoi faire deux tortures au lieu d'une seule ?
Mais en tout cas... J'étais de nouveau en asile...
Mais pas pour très longtemps...
Au bout de treize jours j'ai été libéré...
Facile de savoir les bonnes réponses à dire quand le docteur les sait lui-même...
Ils m'ont fait sortir, j'avais vingt ans...
Je ne suis pas aller retrouver mes parents...
Ils m'avaient lâchement abandonné dans un asile alors que je voulais juste avoir du réconfort !
Je les hais, et je les aime aussi car ils m'ont donné naissance...
Depuis ce temps, je parcours les villes en quête de la vérité sur moi-même...
Mais personne ne sait ce que je suis, ni qui je suis...
J'essaie d'aider les gens autour de moi...
Je les rassure...
Les informe...
Leur redonne goût à la vie...
Quel paradoxe, non ?
Moi qui ne trouve rien d'attrayant en celle-ci...
Mais je continue.
Seul.
Et je trouverai.
Ou je mourai avant...