Aenaril Invité
| Sujet: Lettre d'adieu...[epistolaire] Dim 27 Mai - 0:33 | |
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A vous,
Je sais : je n’ai pas votre bénédiction pour entreprendre cette quête. Pourtant, je voulais tout de même vous dire que je vous comprenais lorsque vous me disiez que l’on ne peut jamais accepter le fait que son enfant parte pour peut être ne jamais revenir. Mais ce combat, c’est moi qui l’ai choisi…
Vous m’avez dit que c’était se battre contre un fantôme que de lutter contre la misère, les maux dont souffrait le monde. Vous m’avez qualifié de rêveur…C’est peut être vrai, mais je ne m’en plains pas. Je pense qu’un de nos problèmes aujourd’hui est d’abandonner nos rêves et d’entrer dans la spirale « métro-boulot-dodo ». Je ne veux pas de cette vie. Quand à me battre contre un fantôme, parce que selon vous, nous n’arriverons jamais à annihiler la misère, je vous ai répondu et vous le répond toujours : si on ne fait rien contre, on a encore moins de chances d’y parvenir.
Je pars le cœur léger, et vous me regarderez sûrement partir le cœur lourd, mais c’est ainsi. C’est l’équilibre des choses. Je suis en paix avec moi-même, je pars réaliser un rêve, avec la conviction profonde que mes efforts ne seront pas vains, que j’aurais servi à quelque chose. N’est-ce pas le plus important ?
Je suis en train de penser à cette chanson. Celle qui m’a tant de fois ému, parfois à la limite des larmes… Elle me donnait l’impression de me percer le cœur, pour atteindre mon âme. Cette chanson dont l’interprète a tout fait pour réaliser ces rêves :
Puisque des filets nous retiennent Puisque nos raisons nous enchaînent Que rien ne brille sous nos remparts Et puisqu'on n'atteint pas le ciel A moins de s'y brûler les ailes Et suivre les routes où l'on s'égare Comme on dresse un étendard
A corps perdu, ivre et sans fard Pour n'être plus le pantin d'un espoir Et si la vie n'est qu'une cause perdue Mon âme est libre d'y avoir enfin cru A corps perdu
Puisque les destins sont les mêmes Que tous les chemins nous ramènent A l'aube d'un nouveau départ On n'apprend rien de nos erreurs A moins de s'y brûler le coeur Je suivrai les routes où l'on s'égare Comme on dresse un étendard
A corps perdu, ivre et sans fard Pour n'être plus le pantin d'un espoir Et si la vie n'est qu'une cause perdue Mon âme est libre d'y avoir enfin cru A corps perdu A corps perdu
A corps perdu j'écrirai mon histoire Je ne serai plus le pantin du hasard Si toutes les vies sont des causes perdues Les hommes meurent de n'avoir jamais cru De n'avoir pas vécu ivres et sans fard Soldats vaincus pour une guerre sans victoire
Et si ma vie n'est qu'une cause perdue Je partirai libre d'y avoir au moins cru A corps perdu A corps perdu...
Cette chanson était une de celles qui me donnaient la preuve que j’étais encore capable de faire preuve de sensibilité et d’amour. J’ai souvent eu l’impression d’être vide à l’intérieur. Mais grâce à elles, je suis sûr que non, je suis sûr aussi qu’il faut que j’atteigne mon but. Certes, j’ai abandonné l’idée d’avoir une famille, d’avoir une femme, mais qui sait ce qui peut arriver ? Même si je ne connais jamais cela, j’aurais connu l’amour pour le monde, celui de mes parents et de mes frères, de sang ou de cœur.
Si je venais à mourir, car c’est là la vocation première de cette lettre, sachez que je partirais libre, d’avoir cru en un monde meilleur, d’avoir cru en l’homme et sa capacité à faire le bien. Mon âme brille enfin de mille feux, je n’ai plus cette noirceur, ce pessimisme et cette amertume pour l’enfermer. J’ai envie de briller, de rayonner d’amour et d’être une aide à tout ces gens qui en ont plus que jamais besoin.
Puisque mon corps sera peut être percé par les balles, mutilé par les mines, déchiqueté par les bombes ou encore dégradé par les maladies, peut être ne reverrez vous jamais mon corps. Qu’importe ? Sachez que je pars en me souciant très peu de ma vie, je n’ai jamais réussi à expliquer exactement pourquoi, mais la mort ne me fait pas peur. Aujourd’hui, je pars l’affronter en sachant que je perdrais, mais je refuse de lui faciliter la tâche en ayant une vie douillette en attendant qu’elle me cueille quand l’envie lui en prendra. Je pars en guerre contre la mort, pour faire la paix. Quel paradoxe. Je souris de ma propre insouciance, mais aussi à l’idée de lui botter les fesses lorsque je la rencontrerais. Suis-je fou ? Cela n’a que très peu d’importance. Bref, je partirais libre d’y avoir cru, et donc avec le sourire dans l’âme.
Je suppose que vous savez déjà que je vous aime, il était important pour moi de vous le dire, mais aussi de montrer au monde que j’éprouve la même chose pour lui. Dites à mes « frérots » de continuer à vivre pour leurs rêves ; ou même mieux : de faire de la vie, un rêve.
Transmettez mes amitiés à tous, et mon pardon à ceux qui m’ont parfois fait du mal. Dans deux heures, j’arriverais en terre lointaine, et ma vie prendra une direction qui m’est inconnue. Je vous aime tous, à bientôt ou adieu, nul ne peut le dire,
Votre fils, votre frère, votre ami : moi. |
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