La forêt des mille Sapins

Ambre, son ouvrage terminé, décida qu'elle n'allait pas se priver d'une bonne petite baignade non plus. Elle ôta ses vêtements [HRP pas tous, bande de pervers ] confiant toutes ses affaires à la garde de sa fidèle et féroce tortue marmotte taupe, à présent réveillée et qui semblait avoir envie de fureter alentour à la recherche de nourriture.

Elle sourit alors au chaud soleil de l'après-midi, lança un "yaha" de circonstance et se jeta dans l'eau à la suite d'Ominoe, ravie de cette baignade improvisée.

Elle se mit aussitôt à nager habilement dans l'eau limpide et rejoignit rapidement Ominoe. Profitant de l'effet de surprise, elle lui plongea la tête sous l'eau quelques secondes avant qu'il ait eu le temps de réagir. Il en ressortit tout crachant, ce qui la fit éclater de rire. Elle se remit pourtant aussitôtà nager de peur d'une revanche.

Ominoe n'en croyait pas ses oreils, et resta pantois tandis que Ambre se mettait en simples sous-vêtements, dévoilant son corps de rêve. Fasciné, il en oublia le sens des réalités, y compris les cop vils que pouvait médire une si belle créature. Il se retrouva ainsi la tête sous l'eau avant d'avoir pu dire ouf, et se garda bien de le dire avant de réapparaitre à la surface.

Il s'élança à la poursuite d'Ambre, essayant de l'attraper par ce quil pouvait...

[HRP mdr le corps de rêve]

Ambre décida de se laisser rattraper, mais seulement quand Ominoe serait à bout de souffle. Elle continua donc sa course une heure environ, faisant des allers retours entre amont et aval. Elle finit cependant par revenir à leur point de départ et se redressa, rejoignant la berge encore ruisselante d'eau et un sourire ravi aux lèvres. Elle attendait qu'Ominoe la rejoigne avec un air malicieux, attendant de voir ce qu'il allait faire...

Zaliara était d'humeur grissâtre, et elle ne savait pas si la faute en était à sa pauvre journée ou au gris au dessus des toits...

*Si c'est le gris au dessus des toits c'est pas pareil...* chantonna-t-elle.

Cependant, malgré le temps maussade et la fraîcheur automnale d'un début de soirée, elle se décida à aller perdre son ennuis dans la fôret aux mille sapins... Et pourquoi pas se perdre elle-même?

Son pas se fît félin et silencieux et elle se laissa ensorceller par le bruissement du vent dans la cime de ces grands et majestieux arbres...

Elle oublia sa vie et les nuages pour enfin s'abandonner toute entière aux charmes de la Nature.... Elle surprit un chevreuil et se laissa bercer par le doux hululement d'une chouette...

Rien ne devait venir briser ce merveilleux moment de solitude.... Ou peut-être que...

Le soleil du crépuscule jetait ses derniers rayons sur les cîmes des conifères de la forêt. Dans la pénombre, on entendait un pas tranquille dans l'herbe duveteuse. Un homme en bel uniforme blanc arrivait.
Il s'arrêta devant le portillon refermé. Après avoir examiné l'endroit quelques instants--non sans avoir constaté la présence d'un invraisemblable trou probablement taillé à la machette dans les taillis, un peu plus loin--, il sortit une large clé de fer-blanc d'une de ses poches, et l'introduisit dans la serrure qui avait de nouveau rouillé. La gâche se déplaça péniblement, et le battant s'ouvrit avec un grincement sinistre.
Le sentier était de nouveau mangé par les herbes folles...le lieu donnnait une désagréable impression d'abandon.
L'amiral Syllas revint sur ses pas, tira d'une autre poche un petit projecteur holographique de frabrication Christianienne, qu'il posa dans l'herbe près de la porte, et activa. Les mots argentés "La forêt: Réouverture" flottèrent dans la nuit.
Satisfait, il s'enfonça dans les sous-bois. Au fur à mesure de son avancée, le bruit de ruissellement de la petite rivière se faisait entendre, en plus des huhulements, crissements et autres murmures de la nuit.
Finalement, il s'installa au bord de l'eau, sur un rocher, dans la nuit, pour songer tranquillement.

La nuit régnait sur les lieux. Les ombres dansantes offraient à la forêt l'ambiance de l'étrangeté. J'observais les arbres, qui, violemment, battaient leurs branches dans le vent au rythme des bourrasques. Chacune était un assaut, mais la tempête ne saurait l'emporter. Une forêt bien trop magique imposait sa présence en ce monde oublié.

Bizarrement, la force dégagée par ces êtres de sève et d'écorce m'appaisait. Doucement, je piétinais les feuilles. Lentement, elles craquaient sous mes pieds. Je sentais peu à peu la puissance de la vie s'emparer de mon âme.

Délicate et furieuse, une licorne surgie devant moi. D'un geste de colère, elle se cabra et repartie au galop. Prit par l'atmophère féerique, mon imagination me jouait surement des tours. Si ces contours avaient été réels, je n'aurais au aucun doute quant à son geste et l'aurai certainement pris comme une mise en garde. La nature est sauvage, ne la réveillons pas. Ou craignons son courroux.

Assis sur un roché, je me perdis dans mes rêves.

Dans cette nuit étoilée, je me promenais dans Aëringor quand j'arrivai devant un portillon légèrement rouillé. Il ouvrait sur un petit chemin qui s'enfonçait dans la forêt.

Malgré le coup de vent qui arrivait, je m'avançai sur le sentier attirée par le bruit de l'eau. Le parfum des sapins embaumait l'air. De se retrouver dans cette nature à l'état pur me faisait beaucoup de bien. J'aimais à me ressourcer dans la solitude.

Brusquement, un bruit me fit tourner la tête. Un éclair blanc passa non loin de moi. Je crus reconnaître une licorne mais me dit que j'étais en pleine illusion. Cette forêt était si belle et la soirée si étrange que je ne pouvais que rêver. Je continuais ma promenade me laissant emporter par la beauté des lieux.

L'aube approchait. Les premiers rayons perçaient les ténèbres et, comme un amour heureux, venaient caresser ma joue.

"Approche, mon amour, vient embrasser mon âme."

Un nuage se mit soudain en travers du chemin. Noir de geai, de colère, de vengeance, il resistait. Une violente lumière l'avait tiré de sa torpeur, iréelle et magique, il voulait la défier.

Privé de mon bien être, séraphique salut, je pleurai.
Alors je courus. Je courus si vite, si loin, si malheureux... A la quête de mon bonheur, j'hurlai à la mort!

Je trébuchai, tombai contre la pierre de l'impuissance. Et me relevai, égratigné de haine. A mesure que j'avançais, motivé par la promesse d'un futur bien heureux, l'imposant nuage progressait. Je ne pouvais lutter contre l'adversité. Une prière me vint.

"Viens ma belle, embrasse moi de ta peau satinée!
Fusionnons nos corps et, dans ce ballet sans fin,
Arrosons nous de vie, du nectar adoré,
Réjouissance charnelle, érethisme divin!"

Un ange surgit brusquement de derrière l'abre, majestueux puissant, qui était devant moi. Ses cheveux flottaient au vent et, d'un maternel murmure, elle me souffla,

"Suis moi, nous allons la trouver."

Elle prit ma main et nous courûmes, courûmes aussi vite que le vent, que les astres qui dominent le monde.
Arrivé au somment d'une colline, illuminée de joie, l'ange se retourna.

"C'est moi, Tobine, regarde la lumière. Je sais que tu es perdu, peut-être pourrais-je te montrer le chemin?"

Elle leva les mains vers le ciel et illumina les cieux. Des milliers de rayons perçèrent le ciel, et, dans une danse magique, vaincurent les ténèbres. Le nuage s'effaça peu à peu devant l'artifice divin. Qui était-elle?
Ma tristesse volait en éclat devant l'extraordinaire spectacle. Elle avait su me montrer le chemin. La vie jaillissait devant moi, de cet astre, de ces cieux, de ces fleurs, de ses yeux.

Merci, Tobine.

Je décidais de rester pour la nuit dans cette forêt. La fatigue arriva assez vite. Un tapis d'aiguilles me servit de lit. Bien enveloppée dans ma cape, je ne sentis pas la fraîcheur de la nuit.

Un cri, des plaintes me réveillèrent. J'en cherchais l'origine et arrivai auprès d'une personne endormie qui se débattait dans son sommeil. Je m'approchais et reconnus kensei.

Il se leva et me regarda, le regard dans le vague. Il murmurait des vers pour sa belle. Je lui dis :

"Suis-moi, nous allons la trouver."

Je lui pris la main et l'emmenais doucement vers une clairière. Il me suivit exalté par un furieux débat intérieur. Arrivés une petite colline clairsemée de sapins, je me tournais avec lui vers la lumière de l'aube.

"C'est moi, Tobine, regarde la lumière. Je sais que tu es perdu, peut-être pourrais-je te montrer le chemin?"

Ces quelques mots et la lumière trouvèrent un écho au fond de lui. Un sourire illumina son visage.

Avec les premiers rayons du soleil, une brume s'élevait de la forêt. Le paysage devint encore plus magique qu'il ne l'était déjà. Je resserrais ma cape autour de moi en attendant que la chaleur du jour fasse son effet. Je décidais de rester un peu dans cette éclaircie et sortis mon carnet et mes crayons.

Avant de m'installer pour croquer la vue féerique que j'avais sous les yeux, je demandais à kensei :

"Veux-tu profiter toi aussi de la lumière de cette belle journée?"

Je sentais l'inspiration venir et m'assis afin de bénéficier au mieux de cette opportunité.

La cité était calme. Un calme sépulcral.
Elle était morte. Les gens avaient étés chassés, l'endroit rendu stérile, par le fondateur lui même, dans sa folie. Maintenant, il n'y avait plus rien. Les immeubles de briques pris dans une épaisse couche d'un blanc éclatant étaient vides, le vent soufflaient à travers les portails ouverts de la ville. Tout à l'heure, il avait semblé à Son Exellence l'Amiral Syllas qu'une porte avait claqué. Son imagination, sûrement. L'ambiance était glaciale.
Il arpenta quelques heures durants ces endroits vides, songeant avec émotions aux moments vécus ici, par lui et surtout par les autres. Il traversa les allées bordées d'arbres. En fait, le catastrophe était passée. Les arbres avaient tous gelés. Ils n'étaient plus que des statues de glace désarticulées, sans la moindre couleur ni forme rationnelle. La fontaine avait gelé, créant une sculpture froide de jets éteints, l'herbe n'était plus qu'une succession de pics durs. La ville entière était prise sous une couverture de glace dure comme de l'acier. Tout était immoblile, aucune porte ne pouvait claquer toute seule. Ce bruit entendu l'intriguait encore. Il fallait l'oublier.
Il sortit à travers les portes immobilisées pour l'éternité. Après quelques centaines de mètres au-delà des murailles, quelques herbes des pays rudes, comme il ne les avait vu uniquement sur Acre, sur les caps les plus escarpés et avancés, exposés aux perpétuels vents apportant sel et froid, poussaient péniblement entre la glace devenue un peu plus fine. celle-ci néanmoins semblait sortir de la ville comme des tentacules, vers le pays jadis verdoyany, maintenant désolé et inhabité.
Les pas du Ministre de la Marine de l'Union le conduisièrent dans l'ancien parc. Ce n'était que désolation. Les arbres étaient renversés, tués par le froid soudain. Les plantes sensibles et belles n'étaient plus que des tas de gel sale. Le gravier recouvert d'une couche froide faisant que ses pas résonnaient en concert avec le huhulement lugubre du vent dans les fentes des bâtiments, comme partout ailleurs.
Il s'arrêta au final devant la grille entrebaillée de la fôret des mille Sapins. Faute de pouvoir sauver tout, il allait au moins sauver ce qui avait été un petit coin vert au coeur de cette agitation trépidante. Elle irait bien dans un jardin public de l'Union en attendant qu'une autre institution ne vienne l'accuellir. Celle à laquelle lui, et surtout tout les autres travaillaient.
Il recula de quelques pas, et sur un signal transféré grâce à l'hyer-balise, le bâtiment de Ligne UFGS Ienisseï Apparu entre les nuages immuables, flottant silencieusement dans les cieux grâce à son antigravité. Un autre signal, et le tranfert de matière commença. Le bâtiment de 8 kilomètres de long se positionna au dessus, une phalange sortit, et peu à peu, la forêt et l'Amiral devirent transparents. Celui-ci se retourna une dernière fois vers la ville, et fit un adieu silencieux d'un coup de tête.
Il disparut, et le fleuron de la Marine Spatiale de l'Union quitta l'atmosphère, laissant le monde à ses pieds se désintégrer dans sa solitude glacée.
Lorsque l'amiral observa le ciel à travers la grande baie vitrée de la timmonnerie, l'étoile du système n'était plus qu'une naine sombre et froide, à peine discernable sur le fond noir des étoiles.