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Que les gastronomes se rassurent, je ne mettrai pas à mal le monde du sucre. C'est une référence à un certain sobriquet que l'on m'a confié, "ailleurs", en l'occurence, Caramel mou. Je vous livre mon premier texte ici (et vous prouve par la même occasion que je ne suis pas mort), difficile je le concède, mais j'y ai passé beaucoup de temps à trouver une place et un sens à chaque mot, à chaque jeu, etc.
Laissez donc vos doigts exprimer quelques avis, remarques, insultes. Je prendrai autant de plaisir à vous lire, que j'en ai eu à écrire.
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Nous n'avons pas encore traversé le territoire des chimères. Les pâquerettes font table rase pour y croiser le fer. Au-delà, les phrases sortent du fourreau, prêtes à tailler dans le vif, du sujet ou du verbe. En complément l'objet se fait acerbe à l'affût de quelque bouge, impulsif s'il y voit les rouges. (Leur mouvement était plutôt gras, mais le régime sans liberté n'a jamais payé.)
Les histoires descendront-elles ce soir de l'échafaud, qu'elles retrouvent enfin queues et têtes, coupées par la faux. A sens unique la route des aigrettes, pour signer la page avec rage, à la manière du Credo. Il est convenable que nous soyions, sans idées ni pensées, juste des maux. D'une quelconque façon, même les fonds ne seront assez bas pour accueillir nos mots maladroits.
Que les nominés pour l'échec primé se présentent, la foule s'amasse en une jungle conséquente. Il en sera tiré une gloire imméritée alors que l'exercice de la consigne fut lamentable, bien plus que le lièvre dans la fable. Certains imbéciles prédestinés aux supplices infernaux ne sont pourtant pas condamnés. Il est d'ailleurs recommandé au caramel mou de ne pas faire sa sucrée, l'addition est suffisamment salée. Il n'existe pas meilleur ambassadeur pour les lucides que ce brûlé de la dernière heure aux idéaux acides.
Les sept nains sont en grève, et Blanche-neige attrapa la crève ; il va falloir refaire les comptes, arrivés au pays des rêves. Les sages fatalement se trompent, car la route est tortueuse. Et comme machines de guerres, il n'y a pas mieux que des chimères, mi-rêves mi-réalité, plus tenaces que lions en chasse, plus sévères que chèvres austères. Que peut faire le caramel mou, à part durcir l'opposition. Ou alors prendre position, pour un assaut en règle de fondamentaux utopiques bien espiègles. La plume en dessine la silhouette, aux courbes sensuelles, avides de plaisir charnel et de floraison pucelle. Mais c'est la bête et non la belle qui nous enlace, témoignant de plus profondes traces.
On aurait pu s'épanouir à tout envoyer enfin en l'air. La passion hélée perd ses ailes et s'écrase violemment, quelques mètres en contrebas, l'impulsion n'a pas suffit, il aurait fallu l'accompagner jusque là-bas. Ou jusqu'ici, ou même ailleurs, dans tous les cas, un autre endroit. A la frontière, il faut déclarer aux illusions, la ferme intention qui les mettra à terre. Sans quoi se dresseront les écueils et la roue de la fortune ne tournera plus que de l'oeil. Entamée la purification par le feu qui le consume, le caramel se repaît de ce doux spectacle et assume, lorsque de satisfaction, il fond en larmes. L'ivresse du plaisir, ou celle du rêve. Car la tâche sera sale, certes, mais ne sera pas si brève.
La canaille aura raison de la mitraille, à domicile elle se joue de nous, et aucune faim ne la tiraille. Il n'y a pas d'entracte, la pièce se déroulera en un seul acte, mais les coups seront plus de trois lorsque sonnera le glas. Ca y est, l'assaillant s'est infiltré, le caramel a été touché, il poursuit sa course blessé. (A vue de nez il est dopé, il faudrait faire une prise de sucre pour vérifier.) A l'approche de l'objectif, recharger la cartouche, et laisser l'encre se répandre sur ces feuilles farouches, avec espoir que l'écrit cesse d'être nocif. Mais ces histoires finissent toujours mal en général, et prisonnier, c'est à coup de poêle qu'il est exécuté.
La chimère est dure dans son chatîment, et le caramel mou chastement. C'est là la triste explication d'une pâle soumission à ses propres créations ; bougresse d'utopie qui à la mollesse consigne une vie.