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 Le désespoir, par les flammes...

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Zehyr
Rêveur de l'Académie.
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Zehyr


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MessageSujet: Le désespoir, par les flammes...   Le désespoir, par les flammes... Icon_minitimeSam 31 Mar - 23:46

Les flammes du brasier consumaient les dernières bâtisses encore debout. Un râle de mort retentissait parfois dans les décombres. Une main se tendait, implorant la vie, décharnée et brûlée par les explosions. Je cheminais dans ce qui fut autrefois une cité prospère, une puissante ville, un port de commerce, étape obligée des marchands du coin. Je marchais, et je regardais, m’emplissant de ces terribles images. Toujours du feu, partout. Les incendies dureraient sûrement plusieurs jours, voire des semaines. La guerre… la guerre avait encore frappé, ravageant une fois de plus des vies, des âmes s’en étaient allées, par millions. Et moi, je n’en faisais pas partie, la mort ne m’avait pas prise. On entendait des mères qui cherchaient désespéramment leur fils, leurs enfants, qui devaient se trouver ici. Vain espoir. J’avais débarqué la veille. On m’avait prévenu que la région pouvait être agitée, les rebelles multipliaient les incursions sur le territoire, de plus en plus loin. L’armée impériale avait de plus en plus de mal à les retenir, mais je pensais qu’il ne s’agissait là que de rumeurs, que jamais mon île ne tomberait.

Mon pays… je contemplais sa chaire meurtrie, ses entrailles tailladées. Ma terre…on l’avait blessée profondément ! Les larmes des miens m’étaient par trop insupportable, je me rendais maintenant compte que jamais je ne pourrais revenir, que jamais ce pays ne reviendrait lui-même à la vie ! Ils étaient tous morts. Il lèveraient les yeux qu’ils verraient le ciel sabré d’orange, noirci de fumée, saturée de l’odeur des cadavres pourrissants. Et je n’avais pu l’empêcher, je n’avais rien pu faire ! Cette île qui fut la mienne toute ma jeunesse, ces gens qui furent mes amis, ces rues que je connaissais par cœur, et ces magasins que maintenant je ne reconnaissais plus. Mes anciens camarades, du temps que je n’étais encore qu’un gamin, étaient-ils là, sous une maison effondrée ? La mer, toute proche, emmenait avec elle les embruns de l ‘océan. Que tout cela était dérisoire ! Cette mer qui si longtemps me faisait rire, dans laquelle je me suis baignée, dans laquelle j’ai rigolé avec tous ces morts. Je cherchais à atteindre ma maison… voir ce qu’elle était devenue… et pleurer à sa vue ! Je tournais une dernière fois à l’angle d’une bâtisse calcinée, et des yeux, je fouillais la petite ruelle dévastée. Mon cœur loupa un battement, mon souffle s’arrêta. Les larmes me montaient aux yeux tandis que j’effleurais du doigt le reste branlant d’un mur… un des murs qui constituaient notre villa ! Il n’en restait rien, sinon ce pan.

Quinze ans… quinze longues années que je n’étais pas venu saluer ma famille. La guerre m’avait tiré à mon foyer, mes ambitions, le pouvoir, tout cela m’avait emporté loin d‘ici. La Terre bougeait et changeait, des guerres éclataient, des dictateurs surgissaient. On avait besoin de chacun, alors j’étais parti… Déjà, on me destinait à un grand avenir, on me disait devenir futur général, ou même seigneur…Alors, pour ne pas gâcher tous ces espoirs, j’y suis allé, j’ai combattu, tué, ordonné des massacres… Comme il avait été pressenti, je suis vite monté en grade, et peu à peu, j’oubliais ma terre… je n’étais pas souvent dans mon pays, et quand je m’y trouvais, je n’avais pas le temps de gagner l’île pour un petit coucou. Je m’en voulais. Je n’avais pas pu les saluer, leur adresser un dernier adieu. Je tombais à genou, les mains vers le ciel, implorant Dieu, implorant la nature de me rendre ma patrie… plus jamais je ne reviendrais, cet adieu était définitif. Il fallait que je venge tous ces morts, je tuerais de mes mains ceux qui avait fait cela. Maintenant que j’avais le pouvoir, je ne pouvais laisser faire ! Il fallait que je parte…le chagrin était trop fort !

Le désespoir m’envahissait… penser que je ne reviendrais plus jamais…Toujours ce petit vent sec qui provenait de la mer. Je murmurais un dernier mot, comme pour celer ma promesse de revenir… addisperu… ce qui voulait dire désespoir, dans la langue insulaire. Le vent l’emporta, tourbillonnant. Je regardais une dernière fois ma maison, puis je tournai le dos, vers le bout de la ruelle. Je parcourais les quelques mètres qui me séparaient de la sortie, et me dirigeai vers l’hélicoptère qui m’attendait là. J’embarquais rapidement, le dos courbé. Le ronflement sourd du moteur empli bientôt tout l’espace, et les pâles tournaient de plus en plus vite. Il prit de la hauteur, et j’eu alors une vue glaciale de la ville. Plus rien n’était debout, des foyers consumaient encore les maisons qui avaient été épargnées.
Au dessus de la mer, le vent s’intensifiait. On disait d’ailleurs de cette île qu’elle était le pays d’Eole, le dieu du vent.

Alors, au dessus de l’immensité bleutée, mes yeux furent rappelés une ultime fois vers la cité en feu… mais rien ne me vint sinon une haine immense et un désespoir infini.
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El Joselito
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MessageSujet: Re: Le désespoir, par les flammes...   Le désespoir, par les flammes... Icon_minitimeDim 1 Avr - 5:54

Joliment ecrit, le ton est agréable.
J esperais tout de meme une fin plus fine et élaborée; en gros je suis resté sur ma faim.

Cela dit, ca me donne tout de meme envie d aller voir si tu as ecrit d autres textes. Sûr que ca en vaux la peine.
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Syllas
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MessageSujet: Re: Le désespoir, par les flammes...   Le désespoir, par les flammes... Icon_minitimeDim 1 Avr - 12:04

Le passage descriptif est très bien réussi....Tu traduit bien les sentiments de ton personnage.
Je dirais aussi que la ville symbolise les entrailles du personnage....
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MessageSujet: Re: Le désespoir, par les flammes...   Le désespoir, par les flammes... Icon_minitime

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