La Taverne du Phoenix

-Oyé oyé! Gentes Dames, belles Damoiselles, héroïques Damoiseaux et respectueux Seigneurs... Aujourd'hui, sous vos yeux ébahis, est inauguré une Taverne pas comme les autres.
Et bien oui, valeureux guerrier de la plume, toi qui te bat avec bravoure contre les rigueurs d'un alexandrin et les exigeances d'un sonnet, c'est ici même que tu pourras relater tes héroïques épopés, un verre à la main, autours d'une table supportant nombres de petits gens prés à t'applaudire... ou à te huer, mais ce sont les risques du métier!
Haut les coeurs mes amis! Regardez moi ces magnifiques créatures qui tournoient entre les tables, elles ne demandent qu'à vous servir!
Mais ne vous y trompez pas, cette Taverne est capricieuse, elle aime les bons récits, si vous n'étes pas bon conteur, vous risquez de vous exposer à quelque chose de plus dangereux que l'indifférence d'un public exigeant...

Sur ces mots bien mystérieux, Zaliara, Doyenne et Tavernière, disparue dans son établissement en attente de premier client...

Sur ces entre-mots de la terrible et redoutée Doyenne, un homme vêtu d'un manteau post XXIe siècle entra docilement dans la Taverne du Phoenix, héritière de la très célèbre Taverne du Paon, elle même genèse de la puissante et antique Citée d'Aëringor. Il convint intérieurement de la beauté des lieux et, bien que la sachant au cœur conquis, et bien que se sachant lui même au cœur conquis par quelque jouvencelle de la Ville de Cristal, il admit que la Doyenne collait au décor. Que le narrateur se permette une figure osée: le personnage admirait la Doyenne et était fier de l'avoir à ses côtés pour rebâtir la Cité des Rêves, le joyau des Mondes Blancs, la tâche d'encre prête à se diffuser par le grattement des plumes qui y tourbillonneraient avec ivresse. Il nota cependant quelques détails de décor commun à l'antique Taverne du Paon, qu'il avait jadis connu sous un autre jour. Il héla:

Holà, Tavernière, à boire, je vous prie!

N'ayant idée ni des manières du lieu ni des façons de la gente, il se hasarda à cet appel pour le moins risqué voire dangereux. Il décida donc de s'asseoir près d'une poutre, les mains croisées, puisqu'ayant arrêté la pipe et toutes autres de ces activités résolument dangereuses pour son intégrité physique. Dieu sait ce qu'une pipe pouvait se permettre comme soubresaut incontrôlé. Il décida donc de contempler poliment ses mains, espérant ainsi appitoyer la terrible ~~geôlière~~ tenaicère.

-Ah mon très cher ami... Repose toi tant que tu peux... Tu auras bientôt toute une ribambelle de joyeux lurons sur les bras... Mais je serais là pour y mettre bon ordre quand tu voudras boire un verre tranquilement!

Zaliara jeta un oeil à son compagnon et un sourire naquît sur ses lévres lévres quand elle le vit si accablé.

-Tout ira bien! Mais que veux-tu boire? Bon allé hop! Bouge toi un peu ramolo! Et si on faisait un petit morpion en attendant les autres?

Sans attendre de réponse, Zaliara sorti de dessous son bar une planche en bois et deux craies blanche. Elle s'approcha vivement de la table de son ami et s'installa face à lui, une lueur de défis dans les yeux.

-A nous deux! Et ne crois pas m'avoir si facilement!

Le Doyen eut une mine surprise de trouver tant de vigueur dans une si petite chose: n'avait-elle pourtant pas un genou en mousse greffé lors d'une expérience ratée d'un chirurgien fou? IL se frotta les yeux, plus accablé de fatigue que de paresse et considéra quelques instants, comme perdu, l'ardoise et les deux craies. Il eut finalement, après un moment de patiente hésitation, un sourire amusé:

Oui, et puis ce n'est pas comme si je vous avais déjà vaincus une fois, n'est-e pas?

Il fit mine d'attendre un peu et, se levant, alla se chercher une vodka-pomme avec des glaçons derrière le bar. Il s'étira comme un chat - puisque nul autre plus adepte ne pouvait faire le chat pour l'instant, et grogna quelques mots bougons dans un charabia relativement intempestif sinon incompréhensible. Il revînt s'asseoir en face de son adversaire et, ayant retourné sa chaise pour mettre ses coudes sur le dossier, il plongea ses joues dans ses mains ouvertes. L'impitoyable affrontement des temps et des mondes, des plumes et des titants, bref, la partie, pouvait commencer!

-Honneur à moi-même!

Une éternité passa...

Puis une autre...

Et encore une autre...

Quand soudain:

-Croix: Première ligne; Première colonne! s'écria-t-elle, pleine d'assurance.

Ne captant aucune reaction de son adversaire, la Doyenne leva les yeux quelques secondes de l'aire de jeu et apprit que même le plus célébre des Doyen bavait quand il dormait... *Eh oui cher ami lecteur, rien ne vous sera caché!*.

Gentillement, Zaliara porta une main sur les cheveux de son ami et les ébouriffa énergiquement.... avant de se tordre de rire en voyant un Pierrot bien surpris gisant à terre...

-C'était à ton tour...

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....X.....|..........|...........
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Le Doyen ainsi maltraité par sa vilaine collègue se releva brusquement, puis se rassit, donnant ainsi l'effet d'un ressort compressé puis lâché. Il observa quelques instants, et avec méfiance, son environnement avant de reconnaître lentement la nouvelle version de la Taverne principale qui tenterait de ranimer les flammes d'Aëringor jadis flamboyantes. Il se détendit alors, admettant ne pas être en hostile compagnie, ou du moins pas trop, si l'on ne comptait pas les vœux de victoire écrasante de la Doyenne, tentant du fantasme plus qu'improbable (et oui, chers lecteurs, rien ne vous sera caché). Il lorgna enfin le jeu, éberlué, presque abasourdi, se demandant à quoi servaient ces traits compliqués, ses segments hâtifs qui s'effaceraient au premier coup de chiffon, à la futilité de l'existence de la trace de la craie, aux petits papillons qui meurent après un seul jour de glorieuse butination, aux abeilles et à leurs bourdonnements magiques, aux fourmis si fragiles et pourtant ensemble si fortes... C'est de tout cela transporté qu'il s'inspira pour rétorquer:

Je ne dormais pas, j'établissais une stra-té-gie.

Ne voulant pas vexer sa susceptible adversaire, notre homme n'osa énoncer sa flagrante supériorité, invoquant là la seule bonne raison de son sommeil feint: il tentait tout bonnement de se porter un handicap pour le déroulement d'un jeu si basique qu'il en avait comprit toutes les ficelles bien avant que son père ne pense à le concevoir. Et pourtant, Dieu sait si les hommes tendent à répandre leur fertilité partout comme s'il s'agissait d'un pot de peinture, et de certains d'entre eux de bien le prévoir à l'avance! Mais cela tient du hors sujet aussi nous arrêterons nous à la partie endiablée qui se déroulée entre les deux robes rouges.

Une ombre passa par une fenêtre ouverte a toute allure puis tourna autour de la tête des deux jours avant de se poser non loin du bar : une hirondelle. La porte s'ouvrit alors et un chat entra, regardant de ses deux yeux verts blasés le magnifique décor. Il fut suivit par un majestueux tigre blanc puis par un loup. Enfin, alors que les trois animaux fixaient les deux joueurs qui leur rendait leur regard avec des yeux rond, une ombre franchit la porte. Elle était vêtue d'une ample cape verte boueuse, sanglante et usée. Un capuchon caché son visage. L'inconnu leva une main gantée et retira celui-ci. Bien que ses traits soit vieillis, bien qu'il est de nouvelles cicatrices et que sa compagnie soit un peu plus grande qu'avant, bien qu'il soit plus large d'épaule, on ne pouvait que reconnaitre le jeune archer qui avait quitté ces terres il y a bien longtemps. Alban Flèche d'Argent, de retour, enfin, sur ces lieux qui lui avaient tant manqués...

- Bonjour les amis. J'espère qu'il y un jus de cerise ? dit-il avec un immense sourire. Ma longue course m'a asséché le gosier...

Il avança de quelques pas. Le chat bondit sur son épaule, l'hirondelle ne bougea pas et le loup et le tigre allèrent s'allonger dans un coin pour dormir. Alban retira doucement sa cape, la déposa sur un dossier de chaise. Il détacha son carquois qui contenait toujours son arc, ses flèches et son sabre, Amen et le posa sur la table. Il se dirigea ensuite vers les deux doyens, tira une chaise, s'y laissa lourdement tombé et contempla la partie que n'avait pas beaucoup avancé en attendant son rafraichissement.

Egorann entra dans la nouvelle a pas de loup. Se glissant derrière le doyen en plein réflexion, elle le chatouilla sous les bras.

BOUH!

Saluant d'un signe de tête Alban, elle sourit à la tavernière. Puis, son regard glissa vers l'étalage de boissons se trouvant au fond de la taverne. Elle se renversa en arrière.

Gentille tavernière, aurais-tu du saké parfumé?

Les occupants de la taverne n'entendirent pas.

Bon ben... Tu pourrais me donner un peu de lait à la fraise?

Au delà des fenêtres baignées par la lumière chaleureuse des retrouvailles, les occupants ne prirent pas garde à cette petite ombre qui gagnait du terrain sur le sentier menant à la taverne. Pourtant, l’imposante porte ne tarda pas à trembler, s’ouvrit, se referma, s’ouvrit puis se referma, au rythme des battements d’un cœur fébrile, figure d’un lent mouvement oscillatoire emportant avec lui le souvenir d’une seconde écoulée.

[HRP :] Chez l'adulte en bonne santé, au repos, le pouls se situe entre 50 (sportif pratiquant l'endurance) et 80 pulsations par minute (source : Wikipédia mon ami !!) [/HRP]

Ceux qui suivent auront donc noté l’indice délivré par le texte, à savoir que le mystérieux individu faisant profiter les occupants de la taverne d’une brise dansante, virevoltante mais aussi et surtout glaciale se devait d’être un homme un brin agaçant mais en bonne santé. Assise à sa table, la ravissante Zaly fit preuve de toute sa légendaire patience pour supporter ce cortège enivrant, alors que Pierrot usa de tout son courage pour somnambuler ([HRP :] ok le verbe n’existe pas, mais je pense que vous aurez tous l’image en tête [/HRP]) jusque dans un coin moins exposé au vent en compagnie de son oreiller douillet. Quant à AFA, il songeait déjà à faire ricocher une de ses flèches d’argent contre le loquet de la serrure, avec pour résultat de laisser cet impertinent enfermé dehors.

C’est alors qu’une silhouette trapue, pas plus haute que six ou sept pommes, franchit la porte capricieuse et fit son entrée dans la taverne. Pour tous ceux et celles qui imaginaient voir débarquer un Apollon pratiquant l’endurance, vous avez tout faux !! Que nenni mes amis, il s’agissait en fait d’un nain dont la timidité n’était plus à démontrer. Embarrassé par l’atmosphère hivernale qu’il avait emmenée dans son sillage et les regards fixés sur lui, il se décida à prendre la parole :

_‘’Qui ose dire que j’ai hésité à entrer ?? Nous les Nains aimons bien apprécier les travaux de construction des longs-sur-pattes, qui n’égalent cependant en rien, je tiens à le dire, nos forteresses bâties dans les montagnes hostiles à tout homme de petite nature.‘’

‘’Hum hum, mais permettez-moi de me présenter, mes frères nains m’appellent Bälîn ou Frontdur, en référence à mon caractère délicat. Mon nom ne vous dit sans doute rien et nos chemins ne se sont sans doute jamais croisés.‘’

Il sourit puis ajouta :

‘’Mais je pense qu’une pinte de votre plus délicieuse breuvage sera tout à fait à propos pour vous en dire un peu plus.‘’

Il posa sur la table un petit coffret en bois finement ouvragé. Les occupants, gagnés par leur curiosité, daignèrent s’approcher. Frontdur en ôta le couvercle et dévoila ainsi à l’assemblée une plume d’oie blanche.

‘’Elle appartenait à l’archer Et dun charabia. Je l’avais mené il y a bien longtemps aux portes de vos mondes blancs. S’il faisait partie de vos amis ne soyez pas préoccupés par de sombres pensées, car il mène aujourd’hui une existence paisible dans les forêts situées à de longs jours de marche d’ici. Il m’a envoyé parmi vous car il n’existe selon lui pas de plus belles choses que le plaisir d’écrire. Je serai donc pendant quelques temps, si vous acceptez ma compagnie, pensionnaire parmi vous.. En sa mémoire d'écrivain...‘’

Voyant un sourire affectueux se dessiner sur le visage de ceux qui l’entouraient, Frontdur fut encore une fois décontenancé par sa timidité maladive..

‘’Mais je m’égare là, une autre bière s’il vous plaît !!‘’

Le Doyen se sentit ému par la rapidité avec laquelle tant de voyageurs égarés loin de la Cité avaient réussi à retrouver les routes qui, ne menaient pas à Rome mais en Aëringor, à la fière cité de l'Académie. Il fut content de retrouver AFA, ce brûleur de taverne, il fut amusé de revoir sa jeune cadette, Erogann, même s'il ne l'avait jamais vraiment quitté, il fut honoré d'enfin rencontrer officiellement celui qui rendait heureuse la Doyenne, pour qui Pierrot avait une affection sincère et respectueuse. A cette pensée, de l'union heureuse de ces deux jeunes gens et du bonheur qu'ils y trouvaient réciproquement, le Doyen ne put s'empêcher un bref regard vers le genou en mousse dont la superbe Zaliara était dorénavant pourvue. Non pas que cela soit sujet à drôleries (essayez, pour rire, personnellement j'évite et on se demande pourquoi) mais plutôt qu'elle lui avait raconté à quel point Et d'un charabia (quel pseudonyme étrange), remplacé en vérité par Frontdur, prenait soin de ce terrible ornement jambesque cause de bien des soucis et procureur accusant l'incompétence crasse dans laquelle se mouvait en fait l'intégralité du corps médical concerné, et même plus. Nul doute qu'il ne s'agisse là encore d'un complot des méchants responsables de la crise; si la ménagère achetait plus de genoux en mousse plutôt que d'être transie de peur au moindre investissement, il est certain que les technologies en seraient autrement plus développées, et notre Doyenne autrement plus heureuse! Comme quoi, un seul membre peut être une source de tension dans une vie, une facette de dureté... Mais ne pénétrons pas plus dans des détails purement superflus et sortons de ce puit où l'on n'aurait pas du s'égarer, en tout cas pas si tôt.

Le Doyen donc, observait tout le monde avec plaisir quand une guêpe le piqua. Il se leva assez brutalement, accouru au bar pour chercher un plateau propre et des verres du même régime, un torchon qui suspendit à son bras, il se munit encore de lait, de sirop de fraise, de bière, de jus de cerise, de jus d'orange, de jus de papye, de jus de mangue, de jus de banane, de jus d'ananas, de jus de clémentine, de jus de pistache, de jus stine et servit tout le monde avant de retourner en cuisine afin de prendre des sandwichs dans le frigo, des biscuits apéritifs, des chips, du saucisson, du pain et surtout, oh surtout, des olives. Il déposa le tout dans des soucoupes, sur la table commune et constata, radieux:

Voilà, on peut refaire ce monde! Pensez vous que d'autres viendront?

- Voilà, on peut refaire ce monde! Pensez vous que d'autres viendront?

Alban jeta un coup d'œil inquiet à son breuvage... Normalement c'était pas les doyens les serveurs... Un piège ?
Il porta avec précaution le breuvage à ses lèvres. Tout aussi difficilement il en avala une gorgée.
Toute ride de suspicion disparue. Le sourire crispé d'anxiété disparu. Un vrai bon jus de cerise. Comme il n'avait pu en boire que dans la taverne du paon jadis. Une boisson divinement rafraichie, divinement sucrée, divinement parfaite. Il soupira d'aise en vidant son verre d'une traite. Il ne laissa pas le temps à Pierrot de réagir. Il sauta par dessus le bar, se saisit de la bouteille et retourna s'assoir avec. Seulement ensuite, il daigna saluer les nouveaux arrivants :

- Bonjour Eïgola. Comment s'est passé ton voyage ? Et toi petit être étrange, puis-je me permettre de t'offrir à boire ?

- Bonjour Eïgola. Comment s'est passé ton voyage ? Et toi petit être étrange, puis-je me permettre de t'offrir à boire ?

Pierrot fut surpris de l'adresse, de la souplesse et de la rapidité avec lesquelles AFA exécuta l'enchaînement de geste qui venait d'être décris, même lui n'avait eu le temps de faire obstacle à la cherry-dépendance du jeune archer. Il secoua lentement la tête et un sourire aux lèvres, prit doucement la bouteille après que le jeune homme se soit servi une seconde fois, pour aller la replacer derrière le comptoir, auprès des autres boissons, comme il le fallait, comme c'était bien, comme c'était beau et comme ça sentait bon. Il échangea un regard amusé avec Zaliara, laquelle détachait rarement son regard de son nain (les goûts et les couleurs ne de discutent pas, soupçonnons la barbe d'avoir des vertus aphrodisiaques), puis soupira. Il intervint cependant:

Non, c'est moi qui offre à boire, pour l'instant, et tant que Aëringor ne sera pas trop peuplée, j'assurerais le service ici. Que voulez vous que je vous serve, puisque je suis debout?

_‘’Que voulez-vous que je vous serve, puisque je suis debout ?‘’

Petit à petit (quel terme plus adéquat pour un nain me direz-vous), la timidité du courtaud pensionnaire de la taverne du phoenix se dissipa. N’imaginez cependant pas un seul instant voir désormais la rougeur de ses joues sillonner les contours de son petit nez coquin (qu’il avait en plus de sa barbe aphrodisiaque). En effet, pour tout nain qui se respecte, les signes avant coureurs du stade ‘’Je me sens un peu pompette‘’ ne se font aucunement sentir au bout de la seconde et insignifiante petite-pinte-de rien-du-tout. Il ne rêvait donc pas, et fut émerveillé par tant de sollicitude :

_ ‘’Et toi petit être étrange, puis-je me permettre de t'offrir à boire ?‘’

_‘’Deux paires de bras pour me servir, voilà qui ne m’effraie pas !!‘’ répondit-il avec un sourire de nain mis au défi.

‘’Soyez assez aimables pour d’abord apporter un jus de litchie rafraîchissant à la damette (damette : n.fem- terme usuel des temps anciens, encore employé de nos jours par les troglodytes pour qualifier une merveilleuse demoiselle. source Petit Robert Ed 2009 : sisi ce mot fait débat à l’Académie Française) qui me fait le plaisir d'être assise près de moi et dont le regard me trouble depuis mon arrivée.‘’

La galanterie de Frontdur n’était plus à démontrer. Aussi, la commande pour Zaly fut rapidement satisfaite.

‘’Faites-moi ensuite le plaisir de m’apporter un petit verre de saké. Et n’imaginez pas m’en apporter un avec lequel je pourrais contempler par-delà le miroir des vaguelettes de cette eau-de-vie revigorante une oreille pointue au corps légèrement dévêtu. J’ai l’œil pour ces choses-là !!‘’

Mouais, enfin ils vont pas se mettre à faire des bébés ici, quand même ?!

Le Doyen, après s'être ému et émerveillé de l'intensité des regards entre le nain et la ~~bête~~ belle, commençait véritablement à s'inquiéter de ce que ce pu générer en eux de compulsif, d'insouciant et d'anticonformiste. Il n'était pas lui même contre une petite dose de rébellion contre les carcans frigides du système, mais tout de même considérait-il ses propres limites en matière de respects de mœurs généraux. Il avisa les verres vides du petit barbu et constata en son for intérieur que de vieux ragots médisants couraient à propos d'une éventuelle non résistance des nains à l'alcool (voire le troisième tome de la version longue des Secrets des Aiflédénains) et se demanda dans combien de temps l'animal s'effondrerait comme une masse, complètement pété? Il n'en montra rien, et fit œuvre de sa légendaire et très célèbre douceur de propos:

Maître Nain, ne songeriez vous pas à appréhender des boissons moins alcooleuses, peut-être? Il serait navrant que les voiles d'une migraine post-ingurgitation vous empêche de contempler si magnifique créature que celle qui s'exhibe devant vos yeux...

Oh, un nain!

Elle avait à peine finit sa phrase que Frontdur s'était retourné, furieux...

Euuuuh... J'voulais dire... Pas d'lapin...

Sa dissimulation de phrase n'étant pas des meilleures, elle piocha une olive. Se servit une tranche de pain. Attirée par l'étrange bouteille baptisée "Jus de stine", elle demanda un verre et l'en remplit. la boisson avait un gout parfumé, alcoolisé, divin. ragaillardie, la jeune fille en reprit un lampée, puis une autre, puis encore une autre... Jusqu'à s'écrouler par terre. Ronflante, affalée par terre, un coin de son tabouret dans la bouche, elle avait fière allure.

C'est en tout discrétion que deux mains s'étaient posées sur le rebord extérieur de la fenêtre de la Taverne du Pheonnix, supportant deux yeux scrutateurs et tout à fait curieux. C'est en tout cas tout ce qu'un curieux des fenêtres aurait pu appercevoir s'il avait tourné la tête dans cette direction à cet instant. Mais le loisir de cette observation ne fut pas donné aux personnes présentes dans l'établissement, car, aussi discrètement qu'elles étaient venues, ces mains et ces yeux disparuent, pour reparaitrent dans la taverne accompagnés de tout un corps et d'un animal tout de blanc fourru... euh... tout de blanc poilu... Mouais...

C'est donc une elfe et un renard qui pénétrèrent à leur tour l'endroit chaleureux et convivial, tout sourire et tout neigeux. Tàranis retira la cape qu'elle portait sur le dos et la déposa sur une table qui était là, saupoudrant sans scrupule le beau parquet de neige fraiche et pure, tandis que Nolëwen, l'animal, s'approcha du corps inerte au sol et se mit à lui lécher allègrement le nez, les yeux, et tout ce qui pouvait être accessible.

Coucou les gens!

Oui, des mots avaient fini par s'échaper des lèvres elfiques. Non, elle n'était pas muette!
Elle attrapa une chaise qu'elle ajouta à la tripotée présente autours de la table, posa ses yeux sur l'ébauche de partie de morpion posée sur la table, puis sur les verres pleins des comparses, puis sur ses mains vides, et enfin sur celui qui, debout, un torchon sur le bras et un plateau dans les mains, semblait bien être le serveur du lieu.

Garçon! Votre meilleur jus de papaye!

C'est là qu'elle vit la robe rouge et le visage dudit garçon. Elle lui adressa un large sourire avant de se lever.

Euh, sauf si tu vous voulez que j'y aille moi même bien sûr!

Non, laisse moi tranquille...

Une chose humide s'appliquait consciencieusement à lui papouiller le visage. La main molle d'Egorann tenta de s'en débarrasser, sans succès. Des petites choses pointues commencèrent de malaxer son ventre. Ses genoux furent fouettés. Les yeux de la jeune fille papillotèrent. C'était forcément un renard. L'elfe à terre réfléchissait. renard, renard... Renard qui la connaissait et qu'elle connaissait, à en juger par les manifestations d'affection qu'il lui faisait...

Le brouhaha d'une taverne accompagné d'une chose froide et dure dans sa bouche finirent de l'éveiller. Elle ouvrit doucement un œil. Puis l'autre. Les referma aussitôt. Ce n'étais pas possible que la personne qu'elle avait aperçue soit vraiment là. Puis elle se souvint des derniers évènements: le jus de stine... Saleté. Voulant faire preuve de bonne foi, elle sauta au cou de l'elfe.

Tàraniiiiiiiiiiis!

Sa tête tournait. Elle se rassit.

Tàra, ne prend jamais de "Jus de stine"... C'est super bon mais... ça défonce...

Rires et râles rocailleux, rimes et ribambelles de ritournelles, rutilants reflets de récipients ruinés et ravagés, ramenèrent notre rougeoyant racoleur à une raison révoltante : il commençait à rouler un peu trop les ‘’r’’ pour être dans son état normal…

Sous les conseils avisés de Pierrot qui n’aurait sans doute voulu revivre la décadence de l’empire de Rome au sein de sa taverne fraîchement réouverte, il partit s’installer compter ses dernières pièces d’or. Et comme toute personne de petite taille qui se respecte, or et mousseux breuvage sont souvent source de cruels dilemmes.

Notre expressif invité en profita donc pour saluer la nouvelle arrivante, n’ayant même pas remarqué qu’il s’agissait d’une elfe :

_‘’Bien le bonjour chère (vous aurez dès lors remarqué que Frontdur ne fait définitivement plus preuve d’une grande lucidité) arrivante amatrice de jus de papaye. Il y en a qui ne savent vraiment pas ce qui est bon…‘’

Ne voulant pas rester impoli, il alla ronfler près de la petite dame qui testait les vertus relaxantes d’un rustique tabouret en bois et qui, soit dit en passant, n’était pas bien plus grande que lui…

Pierrot avait assisté, perplexe, à l'opération de sauvetage 'renardesque' qui avait eu cours dans l'enceinte de l'établissement à alcool, tant et si bien qu'il en était venu à se demander s'il était sain que la Tour Rouge autorisât n'importe qui à établir les soins de premiers secours sans avoir préalablement justifié leur intervention de l'exhibition d'un diplôme... Une fois que la question fut trop tardivement posée, n'ayant d'autre conséquence que de plonger le Doyen dans une profonde et intense réflexion sur le Commencement, l'œuf et la poule et, tant qu'à y être, de savoir si les femmes avaient une âme, il constata qu'une commande venait de lui être passée et qu'il était bien temps de la satisfaire avant que la toute nouvelle Taverne ne fasse figure de ~~style~~ (ce qui ne veut absolument rien dire) de lieu paresseux où les clients sont servis plus d'un quart d'heure après qu'ils n'aient pris commande. Aussi trottina-t-il jusqu'au bar pour rapporter un jus de papaye. Une fois reviendu, il servit la nouvelle arrivée et resta planté, appuyé contre une poutre verticale faisant dossier à un tabouret, celui où il s'était assis précédemment.

N'hésitez surtout pas à solliciter cette grosse flemmarde de Doyenne, hein...

S'ils s'étaient tous retournés pour le fusiller du regard, ils auraient pu croire que le pauvre robe rouge plaisantait étant donné de son effort minutieux à arborer un visage plaisantin, afin surtout que le nain ne décidât pas de lui casser sa Taverne sur le champ. Il ajouta même à la farce de mascarade un petit rire forcé qui ne pu tromper personne...

-C’est moi que tu traite de flemmarde ? Et toi tu n’es qu’un trouillard ! Ne fais pas semblant de faire office de serveur pour éviter ton inévitable défaite au morpion, ma Taverne peut très bien se débrouiller toute seule ! Elle n’est pas seulement quatre murs et un toit (vi, j’aime bien Bénabar :p) !

Tu veux une preuve ? La voici : ma très cher Taverne, pourrais-tu, s’il te plait, me servir un autre verre de jus de litchi, mais pas trop frais cette fois-ci, le temps se rafraîchi un peu…

Remarquant que tous ses invités la prenaient pour une folle de parler à un batiment, elle les défia du regarde jusqu’au moment où ils se détournérent d’elle pour fixer, d’un air ébahi, un verre planer lentement dans les airs pour se poser avec douceur sur la table devant une doyenne souriante et fière de son effet.

Malgré les questions muettes de ses invités qui la regardaient encore une fois avec des yeux équarquillés, elle prit le temps de boire une petite gorgé de sa boisson.

-Ah ma chère Taverne, tu es vraiment la meilleure ! Ce jus n’est ni trop frais, ni trop tempéré.

Bon et puis vous tous, arrêtez de me dévisager comme ça ! C’est très mal poli ! Ne vous avais-je pas dit que cette Taverne n’était pas comme les autres ? AFA, où crois tu que les poils que perd ton tigre sont passé ? Et les plumes de ton oiseau ? Et d’où sort son perchoir à ton avis ? Et les autres, vos verres vides ne s’entassent pas sur la table il me semble…

Et vous ne sentez pas cette douce châleur ? Qui aurait bien eu le temps d’aller allumer la cheminée ?

Tous les convives se retournèrent comme un seul corps, et Zaliara eu un petit rire…

-Ah mes amis… Vous n’êtes pas très observateur… Je vous avais pourtant prévenu.

Houlalà... Baston entre les doyens? Rhoo... C'est nul ça, la taverne va nous taper si on insulte des gens... A coup de... cheminée?

Ayant pensé un peu trop fort, la petite elfe fut remarquée par Frontdur. Celui ci se leva et se rassit. Puis encore. Puis encore. Et encore beaucoup de fois. Il devint rouge, puis blanc, puis redevint à la normale. Egorann haussa les épaules, puis partit demander un cocktail neutre, simplement framboise-fraise-cerise et limonade. Non loin de là, Frontdur continuait de gesticuler ridiculement sur son tabouret. La jeune fille s'assit non loin du poste de musique, qui entonna (oui, avec un micro et tout et tout) cérémonieusement "Quatre mur et un toit" La taverne toute entière frémissait, dansait en rythme avec la musique. Egorann eut une idée. S'approchant de la tavernière, elle lui murmura à l'oreille deux trois mots. Sans l'entendre, la doyenne la repoussa d'un geste, puis, voyant que la créature qui l'importunait persistait, elle lui prêta attention.

Je te disais, est-ce que ta taverne pourrait envoyer deux ou trois coupes de saké dans la gorge du flemmard?

Tàranis, après s'être émerveillée de la magique taverne, décida qu'il était temps de mettre un peu d'ambiance. Se saisissant d'un large tapis décoré de ronds de couleurs différentes, elle l'installa sur le sol. (Ouais, ça traine dans le coin ces choses là.)
Elle prit ensuite un plateau rond divisé en quatre partie de couleur différente, avec une aiguille et des inscriptions sur tout le tour.

Qui est partant pour un twister?

Devant l'apathie générale des autres, elle s'exclama, joyeuse:

Tout le monde? Mais c'est génial!! Allez, hop, vous vous mettez debout, un pied sur chaque rond! Y'a assez de place pour tout le monde vous verrez!

Elle, évidemment arbitre (il faut bien que quelqu'un se dévoue hein!), s'appuya au bar pour lancer les ordres.

Pierrot était complètement désespéré de voir une telle idée prendre jour au sein de la Taverne du Phoenix, aussi décida-t-il de se réfugier derrière le bar, car, quoiqu'en dise la terriblement sexy Doyenne (pas tapey), les choses ne se faisaient pas tout seul. Certes, les robes rouges disposaient de la mana flottant dans l'air et pouvait s'en servir pour quelques petits tours de magie à peine saisissant, mais il n'en demeurait pas assez pour enchanter complètement le bâtiment. Et ce en raison de l'absence de monde dans la Cité.

C'est normal, la Cité ne sera officiellement rouverte que dans une dizaine de jours, un peu plus...

Il soupira et frotta machinalement un verre avec son torchon, avant de constater, le torchon comme ignoblement recouvert de cambouis. Ce devait encore être la doyenne qui avait bricolé son moteur seize soupapes (entendez ici le lave-vaisselle) avec les outils de cuisine... Désespéré, le Doyen était désespéré, d'autant plus de les voir tentant les acrobaties les plus absurdes pour le simple plaisir des yeux de la tyrannique, cruelle, sadique, malsaine, perverse, vilaine Taranis. Il lâcha le verre, il lâcha le torchon, il posa ses mains sur le comptoir et observa, dépité.

Zaliara, la doyenne joueuse et toujours partante, n'était pas dans une position très... sérieuse ou très... habituelle? normale? classique? usuelle? ordinaire? courante? Non, au moment ou se passe cette scéne, Zaliara n'est vraiment pas à son avantage...

-Un... pied sur le... rouge! L'autre... sur... le jaune! La main... droite... sur le vert! Et... la gauche... sur le bleu! Je ne suis pas tombée!

Et c'est la moitié du corp dans un sens, et l'autre moitié dans l'autre sens, que Zalaira afficha un immense sourire à Taranis, attendant le prochain défis.
soudain, elle apperçu un flemmard accoudé à son bar:

-Hep toi là bas!! Tout Doyen que tu es, tu vas venir un peu par ici, et Taranis va te dire où poser tes petites pattes de flemard!
Allé! On se bou...

Et là, ce fut le drame.. Enfin presque. Prise d'un fou rire, Zaliara en trembla de tous ses membres et faillit... j'ai bien dit "faillit"... perdre son équilibre. Mais, pour notre plus grand bonheur, Zaliara se remit et retrouva miraculeusement son équilibre.

-Alors, tu viens?

Un museau fretillant vint se poster devant le visage stressé et rieur de la doyenne.

-Miaou ?

-Coinc !

Tournant la tete, Schaft decouvrit a ses pieds son canartoon qui la tirait vers l'arriere.

-De quoi ?

-Co-coinc !

-Oh, tu crois ?

-Coin.

*Oui, c'est vrai que la vision d'une demoiselle, fort jolie au demeurant, avec des oreilles de chat, ca doit aider a faire perdre l'equilibre"

-Pardon demoiselle la doyenne, je ... vous laisse ... a vos ... euh ... meditations, hein !

Demoiselle Koneko s'en retourna donc vers ce qui semblait etre une table a la fois libre et propre. Ce qui, dans une taverne, etait du jamais vu pour la jeune femme.

-Ba du coup j'ose pas commander a boire ici. Y a des trucs bisarre qui se passe. Puis les doyens font des choses bisarres aussi. Surement pour invoquer les esprits qui leur donneront l'inspiration, tu crois ?
Ba ... Coin-coin, t'es ou ?

Pendant que Schaft reflechissait (si si !) sur le comment du pourquoi du Twister, Coin-coin s'etait faufiler entre les bras de Zalaria.

-Quoi ?

Ba oui, histoire de dire bonjour quoi...

-Ba bravo l'entrée ... Narrateur t'aurait pu me prevenir ...

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