Le pinceau caressa la toile. Menozer contempla son oeuvre, il trépigna, ce n'était pas ce qu'il recherchait. Cela faisait déjà de nombreux mois qu'il était à la recherche de la couleur qui changerait le sens de sa toile. De la forme qui changerait la signification de l'ensemble de ses souples caresses sur la toile. Il soupira, ce n'était pas ces semaines passées à travailler sur cette toile qui lui permettront d'atteindre son but ultime. Car, il avait un but, bien plus important à ses yeux que le simple gain d'argent que lui apporterait une vente. Même si il était vrai que le besoin de revenus se faisait sentir, on lui avait coupé le téléphone, l'internet et son frigo restait désperement vide malgrè les courtes et régulières visites chez l'épicier du quartier. Le principal problème était qu'il n'avait plus assez d'argent pour s'acheter les coûteuses toiles vierges, les odorants pots de peintures et les revêches pinceaux.
Au bout de quelques jours, il prit la résolution de rendre visite à plusieurs galeries d'art pour tenter de brader quelques un de ses tableaux. Il se leva un matin, prit une douche bien froide, un maigre petit déjeuner, s'habilla et sortit de chez lui, quelques toiles sous les bras. La pluie commencait à tomber, Menozer grommela et monta dans le premier bus qui passait par là. Il était aux environs de midi, la pluie avait cessé, il se décida à rentrer dans une boulangerie, commanda un sandwich et lorsqu'on lui réclama la somme due, il regarda mélancoliquement les trois misérables pièces et les tendit au caissier. Il sortit et dégusta son sandwiche sur les bancs publics, regardant une grand-mère lancer des graines à des pigeons tandis qu'un couple se disputait devant une boutique un peu plus loin. Son déjeuner terminé il rentra dans la première des galeries auxquelles il avait choisit de s'adresser.
La première galerie avait catégoriquement refusé d'exposer à la vente l'un de ses tableaux. Sans espoir il rentra dans la seconde galerie. L'interieur était lumineux, au bout de quelques minutes le gérant s'avanca vers lui. Le gérant s'approcha de lui, la chaleur devint extrême, il suffoqua, le gérant inquiet s'agenouilla à ses côtés. Les murs commencèrent à tourbillonner autour de lui, la blancheur de la galerie fit place à une inquiètante noirceur. Menozer se retourna vers le gérant, un rictus deformait le visage de celui-ci, son visage était devenu écarlate et des cornes avaient poussées de chaque côté de sa tête. La chaleur était moins etouffante mais paraissait augmenter de minutes en minutes. La créature se dirigea vers une gigantesque table, un peu plus loin et lui ordonna de le suivre. La table était apparue comme par magie au milieu de nulle part, il y'avait la titanesque table mais autour, seulement l'obscurité. Puis Menozer tourna inutilement la tête, cherchant une sortie. Son regard revint sur la table, des créatures semblables à celle qui l'avait transporté ici, étaient desormais assises autour de la table. La créature qu'il l'avait emmené ici s'assit au centre de la table et semblait être le chef. Menozer compta, les créatures étaient au nombre de douze. Ils ordonnèrent de s'asseoir, il s'assit. Ils lui ordonnèrent de manger, il mangea. Ils lui ordonnèrent de boire, il but. Il s'écroula, des rires s'élevèrent de la table. Menozer sombra dans l'obscurité la plus complète.
Menozer se leva brusquement, il était en sueur, dans son lit. Il soupira, soulagé, ce n'avait été qu'un rêve, un cauchemar. Mais terrifé il découvra une toile, le noir et le rouge écarlate semblait y cohabiter, lui donnant comme une impressions de déjà-vu. Il frissona, de plaisir ou de peur ? Qui sait ? Car cette toile était son idéal, celui tant recherché auparavant.
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Lun 8 Oct - 20:49
