(hors texte: je remplacerais les parenthèses par des crochets dans la soirée, je ne les trouve pas sur mon mac du labo)
Comprenez vous le dégout? L'avez vous déja senti vous envahir?
Ou peut-être est-ce du mépris?
Moi, je le vis chaque jour, je rentre chez moi comme on pénètre dans une substance froide et visqueuse, en un mot répugnante, comme on respire un air vicié. Il me prend à la gorge, me soulèverai le coeur si je n'étais pas accoutumée.
Et je les regarde.
Je les regarde étaler leurs conflits stériles devant moi, grotesques figures déformées par les cris, remuer la fange de leurs esprits malades, se donner en spectacle.Je les vois cherchant ce qui reste à gratter dans leur vie pour découvrir le plus purulent, le plus laid, le plus grossier et me le jeter au visage.Et ils s'obstinent et ils tournent, ils s'acharnent et retournent. Inlassablement, m'accablent de plaintes répétitives, de problèmes. S'ils se taisent, une chappe de plomb se pose sur nous tous et il devient impossible de respirer, il faut alors attendre de ne plus suffoquer. J'ai appris la patience.
Oui, je les regarde, je n'ai guère le choix.
Ils emplissent tout l'espace, ils écrasent, ils jettent, ils fèlent. Rien ou presque n'échappe à leurs insinuations,à leur poison froid, à leurs colères abherrantes, à leur folie lente mais implacable, qui rampe, qui ronge, se répend et submerge. Rien d'autre n'existe pour eux, rien qu'eux, leurs vides brouillons et amers. Leur vide. Deux vides seuls, ennemis forcés de marcher côte à côte, si surement liés dans le mépris, la maladie, la volonté de paraitre et l'argent. Je crois qu'ils ont un gout de bile dans la bouche. En réalité je ne veux plus savoir, je les plains, ou du moins j'espère arriver à les plaindre un jour.
Et je dois fermer les yeux. Je dois oublier, je dois soigner.
Je tiendrais, même si chaque soir c'est plus difficile de me taire, même si chaque matin j'ai plus de mal à m'extraire de là, à ne plus sentir le froid et la puanteur qu'ils laissent derrière eux.
Il y a un espoir.