La Famille [ Factum ]

La pudeur indélicate des vestiges apostoliques de mon esprit rongeait mes derniers espoirs d'une communion familiale. Comme les abords de ce sanctuaire qu'était cette cossue maisonnet, dévorés par ma prosélite conscience d'une éducation judéo-chrétienne, la famille n'est désormais qu'un symbole du vice et de l'imperfection.

Malgré la volonté d'une pureté utopique, la perfection digne de l'Amour de Chloris à Zephyr dresse des églises intérieurs résistantes aux pluies, aux violences d'une Illiade. Cette forteresse qui s'ébranle et s'écroule comme un soupir, comme un vulgaire souffle sur ces divines cartes. Les enfants si naïfs que nous sommes, n'ont qu'à admettre et souffrir de la folie d'adultes adultériens. Une accointance dénuée de sens et pourtant Dieu les a tous bénis.

Une impression florale de Boticelli qui par la fée du pinceau et la magie d'un tableau me rend aigri de voir que les châteaux s'effondrent d'un candide frisson, si crédule et innocent qu'il détruit sans en avoir le sentiment les bribes volifères de l'adolescence. Cette muse est pourtant si singulière de sérénité, qu'elle soit Flore ou Chloris, si frivole toile du maître mais qui raisonne comme l'hypocrisie difforme de ces parents, elle est l'incarnation même de l'impureté de l'Amour Humain. Un mensonge, une analogie délicate et élégante entre profondeur romantique et fantaisie des fantasmes, somme toute, une dépravation éternelle d'une dogmatique esquisse de l'inculture de tous. Mensonges et regrets d'un égocentrisme accru en ce début de millénaire. Nous ne vivons que pour nous, sans nous l'avouer. Cessez donc vos artifices et baisez donc les pieds de Judas. Ce n'est pas moi qui suis aigri, c'est la Vie qu'y est mortel.

Une famille, du papier et j'ai soufflé.

Invité

Je trouve que ce texte présente peu d'intérêt: le vocabulaire est dense mais son utilisation pas forcément pertinente pour autant, du coup, l'on à l'impression de se trouver confronté à une démonstration linguistique, avec toute l'emphase et l'amphigouri du genre, plutôt qu'à une oeuvre littéraire digne de ce nom. Mais par dessus tout - et c'est autrement plus grave à mon sens - le fond est un peu creux.
Somme toute: une oeuvre encyclopédique - et encore, pas tant que ça - sans soucis sémantique, esthétique ou didactique. Ca ne me plaît pas trop.

Et pourtant, une excellente maîtrise du langage: mais sans rien derrière.

PS: Je te prie de ne pas prendre mal mon commentaire, j'ai tendance à parler de façon très directe, mais il n'y a vraiement aucune animosité là-dessous. En outre, tu es un membre que je respecte tout à fait pour sa culture littéraire, alors je serais ennuyé que tu puisses être vexé par ma critique.

Non non je ne prend rien mal, tout ce que tu dis est exactement ce que j'ai souhaité faire ressentir, au millimètre près: la puissance de la langue et du style pour des idées creuses, vides et si facile à dire en une phrase. Les références sont rajoutées pour rajouter encore à la lourdeur, et pour donner un semblant métaphorique sans aucun intérêt particulier.

Ce factum s'adresse d'ailleurs à un auteur contemporain particulier, difficilement perceptible certe (bien que les références permettent de le deviner) mais au style encore plus pompeux, faisant valeur d'encyclopédie culturelle dans le domaine littéraire.

Mais j'ai une question. Le fond est creux, certe, mais quel fond as tu perçu ? Je suis curieux car j'ai émis une pensée sans avoir voulu le faire en écrivant.

Heureux de constater que cet exercice de style n'est qu'un trompe-l'oeil. La sincérité dans ces mots en eût été désagréablement prétentieuse et pédante, mais j'aurais aussi préféré qu'un second degré se fasse ressentir avec finesse. Tu ne ménages pas ton lectorat, ces mots-ci sont d'une froideur terrifiante, et on peine à s'y attarder...

Oui, décidément, une petite phrase de référence à un double sens textuel m'aurait tiré un large sourire, c'en est presque dommage.

En amateur du genre, je vote pour une chute ^^

Et enfin, quant au texte même, un léger recadrage lexical pour éviter qu'on ne prenne cette explosion de mots pour un vide sémantique, ayant buté sur certains choix contestables.

Mais je chipote, d'après ce que j'ai lu de toi, en quinze minutes montre en main, en retravaillant ce texte, et tu nous fais un pamphlet à l'acide sulfurique.

EDIT : Après une énième relecture, ton style se fait moins lourd au fil des lignes. Pas facile d'être trop précieux, hein ? ^^

Invité

Pour répondre à TrOn: le champ lexical de la spiritualité (prosélite, apostolique, judéo-chrétien) laisse penser qu'il s'agit là d'une métaphore filée cruciale dans l'expression et la compréhension du propos - cela, bien que certains des adjectifs précités soient employés de manière un peu étrange. Je note également de nombreuses évocations de la thématique des relations fils / parents, ou plus exactement, adolescents / parents, au travers de moult circonlocutions plus ou moins imagées; ce qui me laisse penser qu'il s'agit là de "l'hyperthème" de ton écrit.
Toutefois, je ne puis me borner qu'à des conjectures tant le texte m'apparaît emphatique et abstrait.

En ce qui concerne ta démarche, TrOn, je me permets de te mettre en garde: à trop vouloir faire mal, on finit par en devenir mauvais. Il me revient à ce sujet les paroles d'une loitaine connaissance: "tu ne voulais rien faire et tu n'es arrivé à rien".
Ne te laisse pas emprisonner dans ce genre d'expériences.

'"tu ne voulais rien faire et tu n'es arrivé à rien"'
Mad

La personne à qui était adressé ce message d'une 'lointaine connaissance' a bien précisé qu'elle brassait un vent dans une perspective technique, comme je pense que Tron a fait aussi, n'est-ce pas Tron? N'est-ce pas que l'on ne peut te dire cette phrase irritante qui oeuvre à présent en référence dans le dictionnaire personnel de Méphisto?

Ps: Cette personne n'aime pas la lointaine connaissance qui ne l'aime pas non plus, ainsi, aucun ne s'aime, mais tous sèment la discorde. Il se fait tard, et j'aime écrire des navets sans réflexion, ce qui correspond bien à mon étimologie épiméthéenne.

Le roi est mort, vive le roi! king

La relation familiale entre les parents et les enfants. L'idée culturelle que nous nous faisons tous de la "famille", en voyant ces couples se mariaient en ce début d'été dans les églises de nos villes.

Les mots venaient simplement et j'ai écrit plusieurs lignes, sur ce sentiment. Mais bizarrement pour une fois, tout s'est compliqué dès le début, comme si mes doigts voulaient me dire une chose. Les mots arrivaient, et plus ils étaient vocabulairement étrange, plus j'avais envi de les faire apparaître, en les agençant hasardeusement entre eux. J'ai alors constaté que depuis un certain temps malgré l'originalité de départ de mes idées, une petite fée me guide constamment vers la sophistication à outrance.

J'ai alors pensé à un critique du moment que j'exècre pour justement ce ton très pédant, très culturelle et presque insaisissable. Je me suis alors dit, tiens, ajoutons donc son style à lui. Les mots sont arrivés à une vitesse incroyables. D'habitude je pose mes réflexions, là j'ai écris d'un trait en pensant à ce... Bref...

Et j'ai alors constaté d'une chose que je n'avais pas vu au premier abord. Que vous avez vous aussi constaté et qui est la plus grande souffrance que je ressens quotidiennement. Elle est sous vos yeux, vous l'avez tous saisi, attrapé au vol, mais n'avez pas su l'interpréter réellement quoi que...

Citation :: tu ne voulais rien faire et tu n'es arrivé à rien

Et soudainement j'ai compris ce que j'avais sincèrement écrit. Un but que j'ai cherché pendant près d'un an. Je ne pourrais jamais mieux faire passer ma souffrance que par la structure de ce texte.

Citation :: à trop vouloir faire mal, on finit par en devenir mauvais

Et le résultat c'est que j'ai souffert un martyr difficilement perceptible en me rendant compte de l'idée qui est véritablement au fond de ce texte.

Au final ce texte est un factum sur la famille s'adressant à un critique littéraire mais reflétant toute l'inconsistance de mon propre fond...

'Au final ce texte est un factum sur la famille s'adressant à un critique littéraire mais reflétant toute l'inconsistance de mon propre fond'

Tu devrais lire Antonin Artaud (je sais pas si je te l'ai déjà dit?)

Sinon, je me demande si le problème ici n'est pas justement que tu retranscris les mots tels qu'ils te viennent, comme un enchaînement inconscient, c'est à dire comme si les mots prenaient le pas sur toi, te tirer, comme un robuste caniche. Fais gaffe, je considère les mots comme de vrais lions, dangereux, il faut les dompter. Ne les laisse pas filer, attrape-les avant de les mettre sur la feuille, et regarde s'ils feront de beaux pétales, ou s'ils sont simplement de communs pissenlis (ça s'écrit comme ça?...).

Bonne soirée. Very Happy